Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
•630                 LA REVUE LYONNAISE
La faute en est-elle à leurs statuts, à leurs travaux, à leurs mem-
bres, à leurs aspirations politiques ou autres? Nous ne l'ignorions
pas; elles ne l'ignorent pas elles-mêmes; mais M. Haag s'est
chargé de nous le dire en des termes énergiques que nous n'au-
rions pas trouvés sous notre plume, et qui sont l'expression
exacte de la vérité. Plus la plaie est profonde, plus l'exécution
doit être vigoureuse, et aussi la guérison difficile.
   Examinons donc brièvement les griefs de M. Haag contre les
Sociétés savantes.



                                IV

   De quoi se composent généralement ces sortes d'associations
scientifiques? D'amateurs locaux, de collectionneurs, de person-
nes ayant reçu une certaine éducation et s'attachant à leur pays
natal, enfin de gens indifférents desquels on obtient, de gré ou de
force, une cotisation annuelle, le plus souvent insignifiante! De
travailleurs, peu ou prou. Les articles ne sont jamais signés que
par la même main ; les mémoires n'offrent nulle variété, et n'ont
à peu près nul contrôle. Et que sont ces mémoires? Des travaux
de quatrième ou de cinquième main destinés à vulgariser les
résultats de la science contemporaine, ou simplement des phrases,
des phrases creuses et pompeuses, destinées à grossir le volume.
Le plus souvent, ces travaux n'apprennent rien à personne, pas
même à leurs auteurs. Et il ne peut guère en être autrement.
Livrées à elles-mêmes, des personnes de bonne volonté alignent
de mauvais français ou traduisent mal des textes latins qu'elles
 croient comprendre encore : mais ne leur parlez pas de publier in-
tégralement une charte latine ! Cela effrayerait trop les lecteurs !
On concède encore bien quelquefois le texte en regard de la tra-
duction; franchir ces limites, ce seraitforfaire à l'honneur! Sortez
des études historiques proprement dites ou des dissertations phi-
losophiques à perte de vue, vous vous plongez ou dans le préhisto-
rique ou dans la philologie! Le préhistorique, qui fait rage aujour-
d'hui, rencontre beaucoup d'adeptes; c'est une science abordable,