page suivante »
524 LA REVUE LYONNAISE vent d'écrire. L'empereur d'Autriche se plut aussi à recevoir ses observations sur les événements et il lui adressa, de 1794 à 1798, des notes des plus impor- tantes et qui jettent un jour tout nouveau sur cette période si troublée. Une partie seulement de ces notes et de cette correspondance était connue, et a été publiée à Paris, en 1851, par M. Savons, professeur à l'Académie de Genève. On croyait le surplus perdu; mais M. André Michel a eu la bonne fortune de le retrouver dans les Archives impériales de Vienne et la sage pensée de la publier. C'est une œuvre historique capitale qu'il est indispensable d'étudier lorsqu'on veut descendre dans cette mare de boue et de sang dans laquelle le jacobinisme a pu plonger notre malheureuse France pendant si longtemps, et étudier les hommes qui s'y agitaient. « Dans cette correspondance, dit M. Taine, on entend une voix mâle, tendue et passionnée, la douleur d'un grand esprit révolté par le spectacle de la sottise et de la folie, l'indignation d'un cœur généreux outragé par le triomphe de la bru- talité, du mensonge et du crime. a Sans le vouloir, et par cela seul qu'il écrit de verve, Mallet du Pan a sou- vent des mots poignants, des saillies ou des arrêts brusques, des cris contenus, des images d'un éclat et d'une justesse extraordinaire, parfois de larges résumés, des files d'arguments enfermés dans une période gigantesque, une irruption de preuves serrées, lancées comme une colonne d'assaut, une ampleur oratoire que Mirabeau n'a point égalée, que Burke n'a point surpassée. — Il est agréable de retrouver une telle œuvre; le préjugé, la mode et l'ingratitude humaine ont pu l'ensevelir dans les ténèbres des archives et dans la poussière des bibliothèques ; on l'a oubliée ou méconnue pendant un siècle ; tous les historiens célèbres de la Révolution semblent l'avoir ignorée, CarlylecommeM. Thiers,M. de Lamartine, M. Louis Blanc, M. Michelet ; on l'exhume aujourd'hui, elle sort de terre, aussi forte, aussi saine, aussi vive qu'au premier jour. ». Si cette correspondance a pu être un utile enseignement pour les royaux lecteurs de Mallet du Pan, de 1794 à 1798, elle le sera non moins aux hommes de nos jours qui contemplant, tristes et consternés, les événements actuels qui passent serrés et pressés devant eux comme ces sombres nuages qui portent la foudre et que pousse le vent de la tempête, se demandent quel jour le jacobinisme qui se redresse, comme un spectre, devant notre moderne société, la brisera à son tour et en dispersera tous les débris. LÉOPOLD N I E P C E . L'AVENIR DE L'EGYPTE, p a r E . PAUL —Paris. Hmrichsen et G", éditeurs, 40, rue des Saints-Pères, 1884. Une brochure. Prix : 1 franc. Sous le titre de Questions contemporaines, l'éditeur Hinrichsen annonce qu'il a l'intention de publier des essais, des brochures, non périodiques, traitant toutes les questions d'actualité, tous les problèmes qui, à un titre quelconque, passion- nent le monde des sciences, des lettres et des arts, ainsi que celui de la politique et de la finance. C'est une idée heureuse à laquelle il convient d'applaudir, et à laquelle le public ne saurait manquer de faire bon accueil. Aujourd'hui paraît le troisième fascicule do cette collection. Il a été rendu compte dans celte Revue des deux premiers. M1 Avenir de VEgypte est bien fait pour soulever de vives polémiques. La bro-