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384 LA R E V U E LYONNAISE Lî'gnum = leigm, bois (xiv° siècle) ; Nigra = n e m , paresse ; Fic(a)ta = feigi l , foie; Lig(e)rim = Leiri, Loire. Remarques 1. Pect(i)nem, a donné pigno, peigne. Cela tient probablement à l'influence de la nasale mouillée sur E, que celui-ci soit fermé ou ouvert, libre ou entravé. C'est ainsi que tremo = je crigno, je crains. Je ne doute pas que si leigni eût vécu, avec le temps il ne fût devenu ligni. 20. Mais E fermé, suivi d'une gutturale plus L mouillée, = I 2 : Apic(u)la = avî'lli, abeille ; Conebic(u)la = coquilli, coquille ; Vtg(i)lia = villi, veille; Butic(u)la = bottilli, bouteille; Gornic(u)la = cornilli, crossette de Lentic(u)la = lintilli, lentille, vigne ; 21. E fermé, variable ou entravé, suivi d'une consonne qui se prononce, = E : Fleb(i)lem = fèblo, faible; Fem(i)na = fena, femme; Mi'ssa = messi, messe; Sem(i)no = sèno, je sème. Remarques 1. Avant BL il y a tendance à passer à E . Craponne dit féblo. 2. Fil(i)cem = fwgi, fougère, probablement par l'intermédiaire d'une forme fewgi, ou M provenait de la vocalisation de l. 3. Cippa = ci'pa, cep, a été traité comme si i était long (v. n° 33). 22. E fermé, plus nasale (n, ni) non suivie d'une voyelle qui se prononce, = IN (peu importe que in soit final ou suivi d'une consonne qui se prononce) : Fœnum = îen 3 (pron. fin) foin; In = in, dans; Racem(um) — raisin; Minus = mein(s) 5 , m i s s , moins; Venenum = vérin, maladie contagieuse; Sine = sein (s), sin(s), sans; Genus = gin, pas, rien 4 ; P a t n ' ( g ) n u m = parri», parrain; 1 Probablement par régression d'accent, et remplacement de i long tonique par i bref, comme dans frigidum, glirem. Après cela, si ce n'est pas cela, c'est que c'est sûrement autre chose. Cette régression, qui s'est produite dans le gascon (hetge), le catalan (fetge), le languedocien (fetge), n'a pas eu lieu dans l'italien (fegalo), l'espagnol (higado), le portugais (figado). La philologie, comme la gestation des femmes de Vourles en Vourlois, qui accouchent à trois mois, mais seulement la première fois, a deces mystères qu'il n'est pas donné à la science d'approfondir. 2 Ayez la bonté de remarquer qu'en français, dans ce même cas, c'est-à -dire devant l mouillée, ei s'est maintenu au lieu de devenir oi : apicula = absille, cornicula = corneille, tandis qu'habere = avoir, fidem = foi, etc. 3 Fen, orthographe étymologique employée par les « auteurs ». 4 Ne vous intriguez pas, comme dit le Marseillais, si genus a donné gin, rien ; rem, chose, a bien donné rien. 5 Meira(s), sein(s), dein(s), sovein(t), orthographe de nos « classiques », préoccu- pés du souvenir du françii?.