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                      UN SCULPTEUR FELIBRE                          345
    du métier. C'est ainsi qu'il a exécuté des œuvres parfois peu goû-
    tées du grand publie, ou si l'on veut, des profanes, pleines de des-
   sous philosophiques, inspirées par des légendes et, dès lors un
  "peu froides, un peu sévères, un peu étranges. La théorie est grise,
» .disait Méphisto, tandis que l'arbre de la vie est toujours vert. Jus-
   qu'à présent, Amy s'est plu dans la théorie, dans le symbole, dans
   l'allégorie, plus peut-être qu'il ne fallait pour dompter le succès.
   Avec sa Fontained''amour, il reste fidèle sans doute à sa manière,
   mais ici, la théorie s'enveloppe de la plus charmante réalité. En
   dépit du symbole, la vie fleurit, charme et palpite dans les têtes
   expressives de ces Amours en maraude et surtout dans les lignes
   serpentines de cette superbe jeune fille.
      Nous l'engageons vivement à céder sans remords à des inspira-
   tions analogues, mais nous lui souhaitons aussi de se garer contre
   la fascination de ses maîtres préférés : Michel-Ange et Puget. Ces
   artistes, au style si puissamment individuel, si profondément per-
   sonnel, sont les plus dangereux. Que de poètes Victor Hugo a
   noyés et perdus sous le rayonnement de son génie ! On ne l'ap-
   proche pas impunément.
      L'amour des symboles philosophiques et des idées générales doit
   avoir pénétré bien avant dans le cœur de notre sculpteur, car, parmi
   les esquisses et les projets qui sont encore dans son atelier, nous
   remarquons un assez grand nombre d'allégories, reproduites sous
   diverses formes. Là, ce sont des Promèthêes avides de savoir ; ici,
   des Spartacus brisant leurs fers Si nous voulions donner la résul-
   tante des tendances intimes d'Amy et la formuler dans une devise
   en harmonie avec ses goûts et son tempérament, dans une devise
   qui rendit pleinement son idéal, la passion profonde de tout son
   être, sa caractéristique, en un mot, nous prendrions ces deux
   grandes paroles : Lumière et Liberté !
      A côté de ces deux passions maîtresses de son âme, il faut en
   nommer une autre. On a pu le voir par le choix même de ses sujets,
   Amy a la passion du pays natal, de la chaude Provence. C'est là
   qu'il a puisé ses meilleures inspirations. Aussi, la Société des
   Félibres de Paris qui, depuis sa fondation, le compte parmi ses
  vice-présidents, n'a-t-elle pas de membre plus actif et plus
   dévoué.