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344 LA R E V U E LYONNAISE n'y a point de traité qui règle la propriété artistique à l'étranger. Le sculpteur dépossédé ne put que protester publiquement dans le Figaro. Ceci se passait au mois de juin 1879. * * Àmy termine pour le prochain salon de 1884, un important bas- relief, de grandes dimensions, intitulé tout gentiment : La Fon- taine d'amour. Une belle jeune fille, vue de dos, se hausse sur ses petits pieds et cherche à atteindre de ses lèvres l'eau qui tombe là -haut, à larges ondes de l'urne penchée. Autour de l'adolescente demi-nue, huit Amours légers voltigent, regardent, rêvent avec les intentions les moins naïves et les plus sournoises, avec les poses les plus harmonieuses ou les plus folles, offrant les raccour- cis les plus savants et les plus naturels mais aussi les plus pénibles et les. plus périlleux d'exécution. Rien n'est pluspittoresque et plus amusant que les attitudes et les airs de ces effrontés petits lutins, papillonnant avec turbulence autour de cette fleur de beauté qu'ils dépouillent de son voile avec une audace de Chérubins élevés à l'école de Figaro. L'un, armé d'un arc, descend la tête en bas comme un plongeur; l'autre, porté sur un nuage, en bonne place, contemple et sourit ; un troisième s'efforce de prêter son dos potelé à la svelte fille pressée de boire à la divine source; tandis que son compagnon est accoudé presque aux genoux delà belle, sur une motte de terre et regarde en l'air, avec lamine futée dePuck, l'espiègle roi des sylphes. C'est là un travail considérable, une œuvre délicate et charmante, une grande idylle, relevée d'une pointe de volupté souriante, pleine de détails exquis et de savants morceaux. Compatriote et grand admirateur de Puget, Amy semble préférer trop volontiers les poses tourmentées et les figures contractées, les raccourcis violents, les muscles tendus et crispés, les manifesta- tions plastiques de la vigueur humaine et de la puissance du ciseau créateur. Là est peut-être le danger, sinon le défaut de ce tempé- rament artistique. Uniquement préoccupé de son idéal, de ses rêves et de son art, il dédaigne le savoir-faire et les petites ruses