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	JOANNY DOMER 425 génie, une œuvre qui le plaçât, du premier coup, au rang des grands maîtres de la décoration religieuse. Ce rêve, qu'il caressait depuis si longtemps, quand il esquissait déjà ses cartons des Chrétiens aux Arènes, ce rêve devait un jour se réaliser pour lui. Il a fallu, hélas! qu'une mort implacable vint terrasser le peintre, en pleine exécution d'une conception géniale. Un jour, je trouvai Domer, dans son atelier de la rue de Sully, déjà fatigué, brisé par le mal qui devait l'emporter peu de temps après : — « l^OOvje^vous k\donne en cent, mon cher ami. Vous ne devineriez jamais ce qu'on vient''de' m'offrir, à moi, ie peintre des amours et des poètes profanes ! C'est tellement beau, que j'ose à peine y croire. On me propose de peindre d'abord la troisième coupole de Fourvière, que le pauvre père Poncet n'a pas eu le temps de dessiner. Puis... Ah ! c'est encore plus beau!... Les six verrières de l'église. Tout un merveilleux poème ! Vous ne sauriez croire quelle est ma joie de mettre mon nom à quelque chose de cette admirable basilique ! » Et Domer, un fusain à la main, jetait déjà , sur le mur, les premières ébauches de sa Vierge des Martyrs, des Vierges, des Anges, des Prophètes, etc. C'était splendide ; et on ne se lassait jamais de voir, sous son crayon magique, surgir ces théories de vierges, tracées avec une sûreté et une harmonie impeccable. Domer rêvait encore de décorer la grande frise qui court tout à l'intérieur de la basilique, et déjà son cerveau fécond enfantait un chef-d'œuvre. L'artiste l'a emporté dans sa tombe. Qui donc le ressuscitera ? Mais ce qui restera de lui à Four- vière suffira pour immortaliser sa mémoire. Il avait su, tout en conservant l'idée première de Gas-
