page suivante »
AU MIROIR ROYAL 187 C'est à lui d'abord qu'on s'arrête ; on le lit avec complai- sance se figurant par l'imagination toutes les belles choses présentées, offertes, pour ainsi dire, aux personnes qui placent dans le confort leur sensualité. Comment ne pas être favorable à un plaideur dont les magasins sont remplis de miroirs de toilette et de tabatières d'écaillé les plus à le mode? Et on lit le manifeste et on trouve excellentes et justes les raisons invoquées par un fabricant qui demande protection pour ses produits contre les exi- gences du fisc, exigences dont finalement les seuls consom- mateurs font tous les frais. Je ne pense point que Jean Marchant ait inventé la réclame commerciale, — elle doit être aussi aneiennne que le monde, — mais faire servir une pièce de procédure à ce genre de publicité est un trait peu banal qui doit être con- servé par l'histoire. Et combien suggestive la lecture du prospectus en ques- tion ! que de séductions dans cette nomenclature dont le désordre voulu augmente encore le charme ! Quel assem- blage d'objets divers ? on y trouve dans un voisinage bizarre, miroirs et babouches en maroquin du Levant; balais déplumes et pois à sucre; jetons d'ivoire et moulins à café d'Angleterre ; bureaux de travail et raquettes à timballes ; cire d'Espagne pour graveur et peignes en buis ou en écaille ; ré- chauds a briques et cabarets de la Chine; christ, billes, canules et couteaux d'ivoire. C'est un réjouissant pêle-mêle d'articles de miroiterie, de bijouterie, d'ébénisterie, de quincaillerie, de marbrerie et de cornetterie. La tabletterie et la coutel- lerie y sont représentées ; la serrurerie d'art y tient compa- gnie aux porcelaines, aux lunettes fines et aux garnitures de commodes ; les écritoires de valise aux bonnets de velours brodés d'or et aux calottes de chagrin pour prêtre ;