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164 LA LISTE EPISCOPALE DE LYON n'a pas été dépassée. Si d'innombrables occupations le lui eussent permis, il aurait élevé à l'histoire ecclésiastique de sa ville natale un monument semblable, aussi majestueux et aussi solide. Il en nourrit le dessein durant plus de trente ans, glanant partout dans les bibliothèques, dans les monas- tères, dans les chapitres, dans les archives publiques et privées, une moisson perpétuelle de renseignements, de mémoires et de faits. Il nous raconte lui-même, avec une certaine bonhomie, comment il les disposait sur les colonnes de quatre gros cahiers in-folio, qu'il emportait dans ses voyages. Mais comme un riche propriétaire, peu pressé de moudre son grain, il attendit trop tard pour commencer la mise en rapport de sa récolte. Il entreprit seulement en 1696 la rédaction de ses notes et, bien que son intention fût de s'ar- rêter d'abord, après une première partie, au xe siècle, il n'eut même pas le loisir d'y arriver. La narration, brusquement interrompue à la mort d'iEthérius,ne dépasse pas l'année 600. Inachevée, l'œuvre n'a jamais été imprimée : la biblio- thèque de la ville en a été l'héritière. Elle est formée de trois volumes in-f° de-moyenne épaisseur (325 pp. 500 et 800) ; le premier est réservé au plan du livre, coupé par des critiques fort acerbes sur les auteurs antérieurs; le second et le troisième contiennent les monographies des arche- vêques selon l'ordre de la succession. Il ne semble pas que la dernière main ait été mise à toutes les pages ; l'ordre y manque quelquefois et plusieurs chapitres y sont en double. Son mérite et son utilité n'en sont pas moins considé- rables ; si l'écrivain a trop sacrifié, ici comme ailleurs, à son goût pour l'érudition et l'a manifesté par des disser- tations trop longues et un peu lourdes, s'il préfère la discussion au récit, sa science est vaste et sûre, son bon sens vigoureux, sa méthode logique, sa liberté d'esprit