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                 DES GRANDS CARMES DE LYON                   4II

Toutes ces conjectures sont inexactes. Le P. Colonia nous
apprend que le recueil des pièces qui avaient été jouées sur
le théâtre de Neyron a été imprimé en 1542 sous ce. titre :
Le très excellent et saint mystère du Vieil Testament représenté
par personnages, auquel sont contenues les histoires de la Bible.
   Ces pièces seraient l'œuvre de Louis Choquet, auquel les
historiens ont un peu légèrement décerné le titre de poète
fameux. Les vers de Choquet ne sont, en effet, même pour
le xvie siècle, que de très médiocre qualité. Il a seulement
fait preuve d'originalité et de bon goût, en préservant de
ses écrits toutes ces images grossières, qui transformaient
alors les mystères en insultantes parodies des traditions
sacrées.
   Quoi qu'il en soit de leur mérite littéraire, devons-nous
voir dans ces deux tomes in-folio le répertoire de notre
première scène lyonnaise ? Nous n'hésitons pas à préférer
à toutes les autres l'opinion du savant jésuite. La seule
objection qu'elle ait rencontrée est tirée du titre même du
volume qui porte la date de 1542. Il a paru invraisemblable
qu'on ait pu donner en 1542 un recueil de pièces jouées
sur un théâtre qui n'existait que depuis deux ans environ.
Cette querelle littéraire nous remet en mémoire l'histoire
de « cet enfant de Silésie dont parle Fontenelle et qui était
« né avec une dent d'or. Tous les docteurs de l'Allemagne
« s'épuisèrent d'abord en savantes dissertations pour expli-
« quer comment on pouvait naître avec une dent d'or; la
« dernière chose dont on s'avisa fut de vérifier le fait, et il
« se trouva que la dent n'était pas d'or (4). » La critique
lyonnaise a jusqu'à présent fait un peucommeles médecins


  (4) J.-J. Rousseau. Lettre sur ta musique française.