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372                         BIBLIOGRAPHIE

   Le bombardement continue, incessant, impitoyable. C'est une trombe
de fer et de feu, qui s'abat sur cette malheureuse ville, et cela, pendant
neuf jours et huit nuits.
   Le 10 novembre, à une heure de l'après-midi, le drapeau blanc est
hissé au sommet du clocher de l'église. La résistance était matériel-
lement impossible, et certainement, elle avait été poursuivie plus que
l'honneur ne l'exigeait.
   Chose triste, navrante, pendant les longueurs du blocus, pendant les
atrocités du bombardement, aucune proclamation, aucun ordre du jour
ne vint relever le moral de ces hommes, de ces enfants qui accom-
plissaient si loyalement leur devoir ! Même, au moment suprême de la
reddition des armes, le Gouverneur ne parut pas.
   Seul, le commandant des Mobiles du Rhône, M. Balagaierie, adressa
à ses soldats, ses adieux et ses éloges, en termes si émus, qu'ils arra-
chèrent des larmes à tous.
   Le lendemain, 11 novembre, la captivité commence. Après avoir
déposé leurs armes aux pieds des Allemands, rangés en ligne sous les
 remparts, les défenseurs de Neuf-Brisach prennent le chemin de l'exil.
Ils partent sans un morceau de pain, et pourtant on laissait aux ennemis
des magasins garnis de vivres !
    Le soir de ce même jour, ils arrivent à Vieux-Brisach, de l'autre
 côté du Rhin, pour en repartir de suite pour Kissingen, où ils par-
 viennent bien avant dans la nuit.
    Pendant cette longue marche, impossible de se procurer la moindre
 nourriture ; une surveillance barbare tenait les prisonniers éloignés des
 habitations. Ils arrivent anéantis par la faim et la fatigue. Cette route
 lugubre, dans la nuit, fut un vrai calvaire. Maltraités par les soldats
 de l'escorte, ivres pour la plupart, ils eurent à supporter l'humiliation
 de dénier devant les maisons illuminées et pavoisées de nos ennemis,
 qui poussaient des hurrahs sur leur passage.
    A Kissingen, après une distribution de soupe, ils sont entassés dans
 des wagons, et après avoir traversé Darmstadt, Weimar, Berba,
 Erfurth, ils sont à Dresde le matin du quatrième jour, brises, moulus,
 absolument inconscients, n'ayant plus aucune notion des lieux et des
 choses, réduits à l'état de colis.
    Les premières journées de captivité sont relativement peu pénibles,
 sauf l'épouvantable nourriture qui leur est distribuée et qu'ils sont
 forcés d'absorber, ne pouvant s'en procurer d'autre.