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322 LAURENÎ MEILLET DE MONTESSUY connaissait plusieurs qui sachant bien écrire et bien ortho- grapher feignaient de ne le savoir pas faire, contrefaisaient les beaux traits de leur écriture pour barbouiller le papier et former des caractères gothiques. » Pendant que Meillet est encore à la Cour, et que la Cour est à Fontainebleau, il va nous entretenir du jeu de ballon que l'on y faisait et ce pour développer la belle similitude du jeu de ballon « trop pressé à celui d'une armée trop serrée (23). » « J'ai souventes fois prins garde, voyant jouer au balon dans la cour en ovale de Fontainebleau, que la foule des spectateurs s'entrepoussans, empeschait gran- dement les joueurs : car quand le balon estait poussé hors des limites par le tenant, ceux de sa partie ne se pouvayent pas manier et contourner agilement pour le destourner, à cause de la presse; si bien que le sieur de Chanal (24), gentilhomme bressand, mon singulier amy et voisin (homme autant vaillant, courageux, dispos et adroits à toutes sortes d'exercice, voire les plus difficiles, pénibles et violents, qu'autres de ce royaume), s'en plaignit une fois au roy Henry-le-Grand, lui remonstrant, qu'à la vérité il jouait seulement pour l'honneur et pour la gloire, et non pour l'argent : mais que si Sa Majesté desirait avoir le plaisir de voir bien jouer, qu'il la suppliait d'envoyer un exempt, et quelques archers des gardes du corps pour faire faire place, autrement que l'empeschement importun de la grande foule (23) Éd. 1618, pag. 866. (24) Le sieur de Chanal, « singulier ami » de Meillet était probable- ment François de Chanal, fils d'Isaac de Chanal, juge-mage de Bresse. Voy. Armoriai de Bresse et Bugey, par Révérend du Mesnil. Lyon, Ving- Irinier, 1872.