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                  LETTRES D'HIPPOLYTE FLANDRIN                         259

promets que ça ne tombera pas dans l'oreille d'un sourd!...
M. Ingres se rappelle de vous avec plaisir et regrette de
n'avoir pu vous voir. Je lui ai parlé de votre article (12)
mais ne lui ai pas encore remis parce que je n'ai pas trouvé
une occasion comme je la veux.
   Il est aussi allé voir Paul à Saint-Séverin. Il a été très
content et l'a beaucoup encouragé. L'effet doux et mat de
cette peinture lui a plu, mais cependant il flotte encore
entre l'huile et la cire, car il allait de ma chapelle de Saint-
Jean à celle de Paul, balançant les différents avantages de
l'un ou de l'autre procédé. Mais je crois que l'huile cepen-
dant a encore plus d'attrait pour lui.
   Il me semble, mon cher ami, que je vous ai bien peu vu
et vraiment je le regrette. Mais il faut avouer que j'ai eu
des préoccupations un peu sérieuses. Ma femme me charge
de vous dire qu'elle est bien sensible à ce que vous dites
pour elle à ce sujet, mais quoiqu'elle vous ait peu vu elle
vous connaît bien, vous estime comme vous le méritez et
répond affectueusement aux bons sentiments que vous
nous portez. Moi, vous savez bien si je vous aime !... Je
vous quitte plus tôt que je ne voudrais, mais toujours
pressé, j'ai peur que si je ne finis aujourd'hui, ma lettre
traîne encore huit jours. Je cède la place à Paul et vous
embrasse de tout mon cœur.

   Votre ami sincère et dévoué,
                                          Hippolyte FLANDRIN.



   (12) Il s'agit d'un premier article sur l'Art publié par Lacuria dans
Y Institut catholique, revue mensuelle qui paraissait à Lyon sous la direc-
tion d'Auguste Rivet. Il parut trois articles.