Revue du Lyonnais » série 5 - n°6 ( 1888 ) » pp.125

                    DES PÈRES CÈLESTINS                    125

 qu'il se revêtoit de ses habits sacerdotaux, et faict quantité
 d'autres miracles en icelle, notamment avoir heu révélation
 qu'au mesme lieu, au temps advenir, y aurait un monastère
 de son ordre.
    Ce bon Père, zélant le salut des âmes, l'édification du
public par la multiplication des monastères religieux, se
laissa facilement porter à chercher le moyen que cette
divine révélation feusse accomplie, avec l'assistance des
bienfaicts et aumosnes de ces âmes dévotes qui luy en
enfloient le courage.
   Pour faciliter ceste dévote entreprise et porter le comte
de Savoie,Louis XIII, d'y contribuer le principal moyen, en
 1396, du consentement du R. P. Pierre Poqueti, provin-
cial, Amédée VIP, duc de Savoie, prince dévot, et grande-
ment aymant les religieux, avec sa permission, ce bon Père
et avec luy tous ses religieux présentèrent requeste au
S. Père Benoît XIII séant en Avignon et Boniface IX à
Rome, demandant de permettre aux P. Célestins de Colom-
bier, de vendre ou eschanger tous les biens et revenus de
leur fondation, pour bastirun monastère de leur ordre dans
la ville de Lyon et en la maison du comte de Savoie
Amédée, appelée le Temple, alléguant à ce sujet les grandes
guerres des Anglois dans la France et les continuelles
attaques du seigneur d'Annonay allié au parti de la couronne
d'Angleterre, qui tous ruinoient toutes leurs possessions et
empeschoient les religieux de faire le divin service et les
dévots exercices de leur vocation. Ceste demande leur feut
accordée par bulle en 1396, même année avec bref adres-
sant au R. Abbé général de l'ordre de Saint-Ruf hors les
portes de Valence, l'exécution duquel feut suspendue
d'autant que par icelle fondation est dit que cette fondation
ne pourra estre transférée en tout ou en partie, et au cas