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,|0 DEUX MOIS EN ESPAGNE nable, et l'on peut très bien s'y figurer le triomphe dont elle fut le théâtre, en l'an de grâce 1143, sous le successeur à 'Alphonse-le-Batailleitr. « Muno, son général, venait de remporter une éclatante « victoire sur les maures précédemment vainqueurs, et « après un rude combat et avoir ravagé tout leur pays « jusqu'à Cordoue, rentrait chargé d'un immense butin « dont il avait voué la dîme à l'église. Tolède lui devait « une entrée triomphale, et elle s'inspira des souvenirs de « la Rome antique. « La marche s'ouvrait par les deux têtes des généraux « musulmans portées sur la pointe des piques ; après ve- « naient les prisonniers dont les chefs étaient chargés de « chaînes, et les soldats garrottés les mains derrière le dos; « les mulets et les chevaux ennemis portaient leurs armes « et leurs dépouilles; l'impératrice Berangèria, le haut « clergé, et la noblesse reçurent le cortège sur le perron de « la cathédrale, au milieu d'une foule ivre du bonheur de « voir l'abaissement de ses irréconciliables ennemis. « Comme l'empereur (Alphonse de Castille venait de « prendre ce titre), était absent, on répéta quelques jours « plus tard cette cérémonie, et on lui remit, pour sa part, « les plus beaux coursiers et le cinquième du butin, puis, « selon l'usage oriental, on cloua, à la porte de son palais, « les deux têtes des généraux ennemis ; cependant, tou- « ché de compassion, la reine les fit retirer, et après « qu'elles eurent été soigneusement lavées, les renvoya « aux femmes des deux émirs. « Cet acte ne fut pas sans récompense, car peu après « Muno ayant été défait et tué dans un combat, les maho- « métans lui coupèrent le bras et la jambe droite, que « comme de juste, ils envoyèrent aux femmes de l'émir à « Cordoue pour les consoler de leurs pertes, et enfin au