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358 LÉGENDES DE LA VILLE I>'ARS. fondre des cités lacustres avec des cités maritimes?... Suidas s'est trompé sur la valeur d'une expression ou sur l'apparence d'un fait dont il ne pouvait trouver la cause et qu'il a préféré, dans son ignorance, mettre sur le compte d'un phénomène naturel qui expliquait tout, en substituant la mer à un lac. Ou bien encore, Suidas aura-t-il confondu les Allobroges avec quelque peuple voisin de l'Océan, auquel il aura par erreur donné ce nom ? Mais je me laisse entraîner a des suppositions imagi- naires peut-être, et je me hâte de rentrer dans mon sujet. 2°—On invoque souvent, pour ce qui touche à la Gaule, le témoignage de César lui-même. L'illustre guerrier men- tionne, en effet, assez souvent les Allobroges dans ses Com- mentaires ; mais, nulle part, il n'a fait la moindre allusion aux villages lacustres que MM. Troyon et Ducis lui ont fait as- siéger et détruire. Et certes ! César, qui donne sur les Gau- lois de si précieux détails, qu'on ne trouve même que dans son livre; César, qui parle maintes et maintes fois des Allobroges (1), aurait-il pu omettre de citer une particularité si remarquable de ses conquêtes, s'il avait été obligé de faire le siège de pareilles cités. Je considère donc leur des- truction comme antérieure a la conquête romaine. Il serait possible cependant, — et, sur ce point, je me rap- procherais de l'opinion de MM. Troyon et Ducis, mais en l'envisageant sous un aspect nouveau et en la dégageant du texte des Commentaires qui n'a aucun secours a nous prêter ici,—il serait possible, dis-je, de rattacher la ruine d'Ars à la grosse question du moment. L'Alisea ou Alisiia de Bourgogne est-elle vraiment YAlesia de César, ou bien doit- elle céder le pas à YAlasia franc-comtoise ou a Izernore-en- (1) De belto gallicn, lib. I, III et VII, et passim.