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                   ON NE CROIT PLUS A BIEN.                   343




     Il se mit alors a me raconter de touchantes misères; il avait
 connu et servi, sans y faire fortune, toutes sortes d'affaires :
 des caisses, qui se disaient paternelles, parce qu'elles
 savaient intéresser le père de famille a la conservation de
 ses propres enfants et a la destruction de ceux des autres ;
 des assurances commerciales, qui avaient la prétention d'em-
 pêcher les faillites et ne pouvaient empêcher la leur ; des
 sociétés dites de crédit, parce qu'elles- en offraient à tout
 le monde, alors que tout le monde leur en refusait; des
 banques d'un mécanisme ingénieux a ne pas s'y laisser
 prendre le bout du doigt; des entreprises industrielles, si
 sûres, si belles, où il n'avait pas eu le temps de s'asseoir à
 son bureau, que sa chaise manquait sous lui
    — Ah ! je ne n'ai pas de chance , mon cher monsieur,
 voilà près de vingt ans que je suis en France , à Paris ou
 ailleurs, et que je cherche en vain un pouce de terrain solide
pour y planter une humble tente
    Pauvre homme !.. il avait des larmes dans la voix. Je lui
 mis du vin dans son verre et une poire dans son assiette. Il
 continua , pelant son fruit :
    — C'est pendant un de ces intermèdes, si nombreux dans
ma carrière, où je me trouvais sans emploi, cherchant sans
relâche, entassant démarches sur sollicitations, et déjà
familier avec la misère, c'est alors que je rencontrai, dans
mes tristes loisirs, quelques adeptes de la croyance nouvelle
à laquelle je fus bientôt initié. J'y fis de rapides progrès,
surtout dans les expériences pratiques et démonstratives, et
jedevinsenpeudetemps un médium remarquable. Sans autres
ressources pour le moment, je pensai que ce ne serait pas
profaner la vérité que de lui demander , en la propageant,