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   270             LÉGENDES DE LA VILLE D'ARS.



                                § 1.

     En analysant les travaux de MM. Tripier, Blanchet et
  Mallein, j'ai dit un mot de leurs opinions sur la constitution
  physique de la contrée, et j'ai fait a la science un appel
  comme d'abus provoqué à juste titre, il faut en convenir,
  par les étranges hérésies géologiques et météorologiques
  invoquées pour expliquer les causes de la formation du
  lac et des vents qui le,bouleversent. Certes ! je n'entends
  point nier les agrandissements dont le lac a pu se rendre
  coupable.... Ils ne sont que trop évidents; et, tous les
  jours encore, quelques portions du rivage, détachées des
  coteaux voisins par des pluies diluviennes ou par les vagues
  irritées qui en minent la base, s'engloutissent tout-à-coup
  dans le gouffre ouvert à leurs pieds. Il suffit, pour s'en
  convaincre, d'une promenade sur la côte de Billieu et mieux
  encore sur l'abîme de l'Infernet ; mais il n'est pas besoin,
  pour avoir une explication de ces faits naturels, de faire
  intervenir, à l'exemple de MM. Blanchet et Tripier, les forges
  deVulcain ou les antres d'Eole. Les eaux obéissent partout a
  des lois immuables : ici elles envahissent un rivage, la elles
  en délaissent un autre. Le Bourget louchait jadis à Cham-
* béry; il en est aujourd'hui à cinq ou six kilomètres de
  distance. Parcourez la tête du lac de Paladru : vous verrez
  que la même révolution s'opère, naturellement et progres-
  sivement, lentement il est vrai, mais d'un pas assuré. En
  remontant le Courbon , du côté de Montferra, on peut
  remarquer que tout le fond de la vallée est occupé par une
  plaine unie et en partie marécageuse, semblable à celle qui
  se voit aussi entre le Bourget et la capitale de la Savoie. Mais
  si, d'une part, les alluvions et les atterrissements envahissent
  le lac dans sa partie supérieure, on peut, d'autre part,