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                   LÉGENDES DE LA VILLE D'ARS.                     3S7

veut que ce soit Vinay, M. Em. Lacour penche pour Saint-
Nazaire-en-Royans, et M. Macé la place au rocher de
Cornillon (1). Tôt capita, lot sensus.
   On pourrait multiplier à l'infini ces preuves de l'errare
humanum est; je me bornerai à citer encore, a l'appui de ce
que j'avance, un exemple récent que je prendrai d'ans une
sphère toute locale, pour mieux faire comprendre comment
à distance, on est exposé à se tromper dans l'appréciation
des choses que l'on ne voit pas et que l'on ne connaît
pas.
   M. J. Janin (2), dans un article où il prodigue, avec les
couleurs de sa riche palette, des éloges, bien mérités du
reste, à un petit chef-d'œuvre provincial, le Grenoblo mal-
hérou illustré, trouve notre patois du Dauphiné « un si
facile et si charmant langage, que pour peu, dit-il, que le
poète en patois ait du génie, il est très-facile au premier
venu de le traduire en beaux vers très-français ».
   Et il cite ces deux vers :
         Din !o sein de la paix, Ion z'artisan conten
         Bevion quoque picote et passavent lo temp.

qu'il n'hésite pas à traduire par
         Dans le sein de la paix les artisans contents
         Boivent quelque piquette et passent bien leur temps.

   Or, si M. J. Janin, qui croit comprendre notre patois, —et
je passe sur d'autres inexactitudes de traduction contenues
dans le dernier vers, — prend une mesure de capacité pour
le nom d'une boisson, pourquoi serais-je surpris que Suidas
en parlant de contrées qui lui étaient inconnues, ait pu con-


   (1) Bull, de l'Acad. delph, 2 e S., I. II, p. 411 ; Mêm. sur quelques
points controversés, etc, par M. A. Macé.
   (2) Journal des Débats (Y. le feuilleton du 26 décembre 1864).