page suivante »
284 LÉGENDES DE LÀ VILLE B'ÂRS. pêcheurs du lac. Je les ai dèj'a décrites ailleurs (1), il y a quelques années, et je ne puis que répéter ce que j'en disais alors. Les barques, ou plutôt les pirogues des pêcheurs de Paladru, sont pour la plupart, comme celles des indiens, taillées grossièrement dans un tronc d'arbre ; mais, au contraire de ce qui se fait habituellement, elles sont beau- coup plus larges au fond qu'à l'orifice : aussi n'ont-elles presque pas de tirant d'eau, ce qui est fort nécessaire, vu le peu de profondeur des bords du lac. Par leur forme, elles sont éminemment propres au genre de pêche pratiquée a Paladru, et il paraîtrait difficile de les remplacer, pour cet usage, par des bateaux d'une forme différente. Elles tournent facilement sous la conduite d'un rameur inexpérimenté; mais ceux qui s'en servent habituellement ne sauraient concevoir l'idée qu'il puisse y en avoir de plus commodes. Elles peuvent contenir de quatre à cinq personnes assises, sur une seule de front. On se sert pour les diriger d'une rame unique. J'ajouterai que ces embarcations primitives, que j'ai vues encore assez nombreuses dans ma jeunesse, ont disparu peu à peu depuis cette époque, et qu'a l'heure où j'écris ces lignes, il n'en reste peut-être pas une sur le lac. Du reste, celles qui les ont remplacées ont conservé religieu- sement la môme forme ; seulement, elles sont construites en fortes planches au lieu d'être taillées dans l'épaisseur d'un tronc d'arbre. Ces barques grossières sont, à n'en pas douter, avec quelques témoins des vieux âges que je décrirai plus loin, tout ce qui reste d'une civilisation ancienne, et il est curieux de les retrouver encore à notre époque, comme un souvenir éloigné des générations disparues. Enfin, et pour ce chapitre, j'arrive aux cloches célèbres (1) Le Vallon de la Fûre: Grenoble, Redon, 1852. V. aussi VIllustration de la même année, t. XX, p. 24, où je les ai figurées dans un dessin.