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                  ON NE CROIT PLUS A RIEN.                  177

je pouvais encore distinguer vaguement, dans le fond de la
pièce, le médium devant la table, comme le grand-prêtre à
l'autel, au fond d'un sanctuaire obscur.
    — Est-ce assez sombre? demandai-je.
    — Parfaitement... qui voulez-vous évoquer, a présent?
    — Ma foi, je ne sais trop... vous connaissez mon cas,
vous êtes en relation avec ce monde-la... qui me conseillez-
vous ?
    — Un sage, quelque philosophe, un esprit supérieur...
    — Un esprit de sept francs cinquante, alors...
    — Encore?... de grâce, fit-il, d'un ton fâché. — Décidé-
ment son prospectus le chagrinait.
    — Pardon, lui dis-je, il me semble que, vu la simplicité
de l'affaire et le côté positif des renseignements que j'ai h
demander, quelque esprit moins supérieur et plus spécial
conviendrait beaucoup mieux. Après tout, il s'agit de douze
mobiliers, que...
   Il m'interrompit avec un mouvement d'impatience.—Quelle
erreur est la vôtre ! vous ignorez à quoi l'on s'expose en
agissant ainsi. Il y a les bons et les mauvais esprits, ces der-
niers en grande majorité, naturellement; les bons même sont
très-difficiles a connaître et l'on s'y trompe facilement. Or,
 en ne s'adressant pas tout d'abord à des esprits de premier
 ordre, d'une sagesse notoire , authentique, séculaire, on
 court le risque de tomber sur de mauvais esprits, dont le
 rôle consiste à se jouer avec bonheur de notre crédulité, en
 nous donnant de taux avis et des conseils dangereux. C'est
 ce qui vous explique comment le choix est relativement res-
 treint, la prudence ordonnant de ne choisir que des esprits
 connus avantageusement de tout le monde.
    — Alors, c'est tout à fait comme chez nous?
    — Hé , sans doute ; pour être bien servi, ne faut-il pas
 toujours s'adresser à ce qu'il y a de mieux, en tout genre ?
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