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178 ON NE CROIT PLUS A RIEN. J'avais encore des objections à faire, mais, craignant d'a- buser ; — Soit; va donc pour un sage... Socrate, par exemple... Bon! je l'attendais, votre Socrate! toujours Socrate; ils n'ont que celui-là ... on le tuera '.. n'y comptez pas en ce moment; on se l'arrache... , Diable ! Mais quel singulier mélange de sagesse et de charlatanisme que ce petit homme, me disais-je ; c'est lui qui retombe dans le prospectus , maintenant... n ayons pas l'air de nous en apercevoir pour ne pas le blesser... — Tenez ! continua-t-il , je ne sais pas même si nous pourrions avoir Platon... —. Dommage ! très-occupé aussi, n'est-ce pas? Je m'en serais bien contenté. Pourtant, déranger un pareil homme pour si peu de chose... — Mais nous avons Aristote, si vous voulez, un habile homme, celui-là ! — En effet !.. cependant,., croyez-vous qu'il connaisse le Crédit Mobilier ? — Parbleu ! il est universel... — Allons, va pour Aristote... et puis , il doit avoir des loisirs ; entre nous, il est un peu délaissé, aujourd'hui... — Eh bien ! commençons : je vais évoquer, dit-il de sa voix creuse, recueillons-nous d'abord ! Il mit sa tête dans ses mains; j'en fis autant de mon côté, et nous nous recueillîmes. Je me recueillis mal, je pense, car mon recueillement ne fit que me rendre une mauvaise pensée : Aristote, c'est fort bien, me disais-je, mais je soutiens que, pour mon cas parti- culier , quelque fin limier , comme Vidocq, par exemple, fe- rait mieux mon affaire. Pourtant, s'il allait s'amuser à me fourrer dedans.... — Y êtes-vous ? reprit-il de sa voix sépulcrale.—J'y étais. Il décrivit dans l'ombre un grand geste, qui signifiait : silence de mort ! et reprit son immobilité. — Victor CORANDIN. A continuer.