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336 DÉCOUVERTE D'UNE CROIX. devait se faire de ce supplice à Rome, où tous les condamnés étaient attachés nus. Or, nous savons que les plus anciens crucifix sont représentés revêtus d'une tunique sans manches. Une autre considération qui a bien sa valeur, c'est que désormais la discussion sur la forme de la croix est close. Il est impossible de nier maintenant que la forme de la croix usitée chez les Romains n'ait été celle du T grec, auquel s'ajoutait séparément el à quelque distance du tronc, un écri- teau, portant la condamnation, fixé par un petit morceau de bois dans la traverse horizontale ; en outre, que la croix avait une seconde traverse sur laquelle étaient appuyés et cloués les pieds du condamné. C'est ainsi que se trouve confirmée la tradition représentée sur les plus anciens crucifix qui nous restent, lesquels ne sont pas antérieurs au VIIe siècle (1). Ainsi : 1° témoignage que Jésus crucifié était appelé le Dieu des Chrétiens ; 2° confirmation de la calomnie païenne de la tête d'âne sauvage adorée par les Chrétiens, el du culte, au moins privé, rendu au crucifix dès le IIP siècle ; 3° véri- table forme de la croix el autres détails accessoires que nous avait conservés la tradition : tels sont les documents que nous fournit l'intéressante découverte du P. Garrucci. L'abbé J. Roux. (1) Le docteur allemand Scpp, auteur d'une vie de Jésus-Christ, admet deux clous pour les pieds , soutenant, avec raison, qu'il est impossible qu'un même clou puisse attacher à une croix deux pieds placés l'un sur l'autre, mais il rejette la traverse que l'on voit sur notre monument, parce que, dit-il, ce genre de croix était inconnu en Judée. La raison qu'il en donne : C'est que sur la croix usitée chez les Romains, la mort était plus lente, tandis que chez les Juifs, on ne laissait jamais un condamné passer la nuit sur la potence. Il est évident que, d'après le savant allemand, la suppression de l'appui, sous les pieds, devait accélérer la mon. Nous doutons que le docteur Sepp eut mis en avant ce motif, s'il eût réfléchi à ce fait consigné dans l'Évangile qu'on envoya rompre les membres des deux malfaiteurs crucifiés aux côtés de Jésus, et qu'on fut tout étonné de trouver le Christ mort.