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                      LA CATHÉDRALE DE LYON.                             41

   Il ne faut voir par conséquent, dans la différence d'élévation
des voûtes et dans le caractère tout particulier du haut de
l'abside, moins le fait d'un changement de direction dans les
travaux, que l'influence des idées symboliques en grande faveur
à cette époque et agissant sur la détermination de l'architecte
avec, tout l'ascendant d'une autorité théocratique.
   Pour n'en citer qu'un exemple en dehors du surbaissement
de la voûte du chœur, qu'il nous suffise de faire remarquer l'in-
flexion de l'axe longitudinal de la grande nef, qui vraisemblable-
ment ne fait que rappeler la pose que le corps du Sauveur de-
vait avoir sur la croix. Cette explication, d'ailleurs, fournie par
les commentateurs , nous semble la seule admissible, car il
serait tout aussi absurde de croire que l'architecte en traçant
le plan de l'édifice ne savait pas aligner les piliers, qu'il est peu
rationnel de supposer qu'en donnant à l'abside une élévation
moindre que celle à laquelle devaient atteindre les maîtresses-
voûtes, il ignorait les premiers éléments de son art.

ogival, avec les moulures qui le caractérisent et ses chapiteaux feuillages,
tellement mêlé à l'architecture romane que celle-ci paraît lui servir, en
quelque sorte d'enveloppe, dont il se dépouille insensiblement, cette trans-
formation est encore plus nettement accusée dans la coupole polygonale
de l'église de Saint-Paul à Lyon.
   Les arcades aveugles qui décorent l'extérieur de cette construction,
comportent déjà les profils souples et énergiques à la fois du règne de
l'ogive; de plus, pour pouvoir se loger dans les faces irrégulières du
polygone , elles affectent tour à tour les formes les plus diverses, tantôt
resserrées et très-surélevées à leurs points de centre dans les comparti-
ments étroits ; puis, largement ouvertes lorsque l'espace le permet, elles
se plient pour ainsi dire, à toutes les exigences de la situation. Or, c'est
précisément dans ces mouvements accidentels qui prouvent que les artistes
d'alors ne s'en tenaient pas à une courbe uniforme, qu'il y a intérêt à les
étudier.
   Le plein-cintre ordinaire, le plein-cintre surélevé aux centres, l'ogive
aigûe et l'ogive surbaissée étaient, comme on le voit, successivement em-
ployés suivant les circonstances, et c'est à tort que quelques archéologues
ont cru que chacune de ces courbes marquait plus particulièrement telle
ou telle période de l'architecture religieuse à l'époque transitionnelle.