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                          EXPOSITION DE 185-1-55.                            160
 tiers des Espagnols, il lui faut des fonds sombres, des oppositions violentes.
 des transitions brusques ; il peint avec des empâtements épais, de* tons
 heurtés et vigoureux. Il y a beaucoup plus de science et d'étude dans ses
 ouvrages que n'en exige l'école qui s'intitule réaliste. lia le sentiment franc
 du pittoresque et cherche évidemment à s'élever au-dessus de la vulgarité.
 Cependant le pittoresque n'est après tout qu'un côté matériel plus parfait
de l'art. Ce n'est pas encore son côté idéal. A force de viser à la solidité ,
M. Leleux arrive quelquefois au défaut de souplesse et sa manière pêche
surtout par l'uniformité.
    M. Pérignon est encore un de ceux qui ont un pied dans chaque camp.
Lorsque, malgré le peu d'attraction du sujet, on se décide à regarder sa
Bohémienne on y découvre une très-grande force comme expression de la
réalité. La Promenade sur l'eau est habilement réussie; mais les têtes sont
communes et sans grâce. C'est dommage; le soir, de l'eau et des jeunes
filles, un artiste peut faire rêver une éternité rien qu'avec cela.
    M. Moyso, à l'exemple de M. Leleux, a quelque affection pour les Espa-
 gnols. Il feint avec facilité et crânerie, mais si sou Chartreux jouant du
 violoncelle était debout il en revendrait en longueur à tous les géants connus.
    Citons encore de jolies choses de M"c Lefcburc, de MM. Delicrrc, Billolte,
 et de M. Bonirote qui trouve encore le loisir de faire des tableaux malgré
l'assujétissement d'un professorat où il rend tant de services. Mentionnons
 surtout tout spécialement M. Fontaine.
    Le portrait est un genre plus disputé par les sectes rivales. Nous regret-
tons de n'avoir pu voir un portrait peint par M. Lamotlie et retiré dès les
premiers jours de l'exposition. Des personnes dont le jugement peut faire
 autorité et qui ont été plus favorisées que nous, nous ont affirmé qu'il sou-
tenait hardiment la comparaison, dans ses conditions spéciales, avec les
cartons de vitraux du même artiste dans les leurs. Ce n'est pas un mince
éloge.
    On retrouve aussi M. ï y r dans cette catégorie et ce que nous avons dit
plus haut de lui, à propos de sa Sainte-Geneviève, pourrait encore trouver
sa place ici.
   M. Borel a un excellent portrait, recommandable surtout par un grand
caractère de naturel.
   Voilà pour ceux qui cherchent principalement dans cette sorte de pein-
ture l'étude rigoureuse de la forme.
   Pour ceux dont la prédilection est acquise aux coloristes, il y a, pour les
satisfaire, un portrait, ouvrage d'un anonyme , lequel portrait est tout sim
plement superbe. C'est peint avec une largeur, un moelleux, une verve
magnifiques. La tête vit, le sang circule. Et cela est fait sans prétention ,