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500 MON VOYAGE A PA1ÃIS. ornements et toutes les constructions pittoresques qui l'em- bellissent, nous remontâmes en voilure et nous nous fîmes conduire au pied de Primrose-Hill. Nous gravîmes à pied cette colline. La peine que nous causa celle promenade ascendante fut largement compensée par le plaisir que nous éprouvâmes à la vue de l'admirable panorama que l'on découvre en arri- vant au sommet. Le soleil descendait vers l'horizon , ses rayons presque horizontaux doraient les milliers de loils qui s'élèvent au dessus de Londres, et faisaient briller d'un scin- tillement flamboyant le dôme gigantesque de saint Paul qui domine toute la cité. A nos pieds s'étendait Piege.nl's-Park et le Jardin zoologique que nous venions de visiter. Mislress Taylor était enchantée ; mon révérend ami déclara qu'il était difficile de jouir d'une vue plus agréable. — J'ai entendu faire les plus grands éloges de la colline de ~ Montmartre, dis-je, en m'adressant à Taylor, est-il vrai que celle colline soit le Primrose Hill de la ville de Paris? — Qui a pu vous dire une telle chose, mon cher Timothée, s'écria Taylor! la colline de Montmartre mériterait plutôt le nom de Rubbish-Hill (1) que celui de Primrose-Hill l (2) Figu- rez-vous une sorte de rocher aride, nu, percillé de carrières de pierre, surmonté à son sommet d'un méchant moulin à vent tout délabré, et vous aurez une idée des attraits que Montmartre offre aux curieux. Les renseignements que mon ami Tayloi' avait la complai- sance de me donner sur Paris, m'élonnaient de plus en plus. Je ne pouvais comprendre quel engoûmenl bizarre portait les Muggins à donner de si pompeux éloges à des merveilles aussi apocryphes. Les réflexions que je fis à ce sujet tendaient à refroidir mon enthousiasme déjà singulièrement attiédi par le malencontreux incident du passeport; cependant j'étais tou- jours préoccupé de mon projet de voyage (i) Rubbish-Hill, colline des ruines. (2) Primroie-Hill, colline des roses précoces.