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262 iressaillemens ; l'idéal s'évanouit pour faire place au positif, et elle éprouve le besoin de se recueillir pour coordonner ses sen- sations.— Alors aussi, pour compléter vos observations, vous vous trouvez logiquement entraîné à étudier la population qui se meut au milieu de ces choses que vous venez d'admirer et que l'on peut regarder comme leur conséquence actuelle. Livré presque tout entier aux soins de la vie p h y s i q u e , l'ha- bitant du Velay est en général aussi étranger aux souvenirs qui l'entourent, aux ruines qu'il foule aux pieds, que les bestiaux qu'il engraisse. Indifférent à tout ce qui n'est pas lui, à tout ce qui n'a pas un rapport direct avec l'assouvissement de ses appétits; accroupi au fond du berceau de montagnes qui le sépare de tous les grands foyers de l u m i è r e , il laisse dormir son intelligence et passe sa vie dans la plus complète insouciance. Ses senlimens sont soumis aux calculs d'une avidité mesquine, hébété qu'il est par les habitudes du commerce le plus pauvre et le moins in^ (litstrieux. Nulle part l'egoïsme ne se manifeste avec un cynisme plus naïf que chez lui ; nulle part la raison n e succombe sous de plus ridicules superstitions, sous des préjugés plus absurdes, et nulle part surtout superstitions et préjugés ne sont plus invé- térés. Trop près de la civilisation pour se dérober à son contact, trop loin pour avancer de front avec e l l e , c'est l'homme des champs avec les vices de l'homme civilisé. Vains et superficiels « , les Panneaux se flattent longuement et sont toujours prompts à condamner autrui. Ils jugent imperturbablement en dernier ressort les questions les plus graves et les plus difficiles ; elles n'ont du reste pour eux aucun intérêt réel. En dehors de toutes les querelles politiques qui divisent la société actuelle, ils les font toutes rapporter à des intérêts locaux ou personnels. Ils ne sont capables ni d'un grand d é v o û m e n t , ni d'une grande a m b i - tion. Il n'est pas uu bourgeois qui ne se croie haut et puissant seigneur, s'il possède, avec une habitation en ville, quelques ar- pcns de vigne dans les environs, pour y aller dîner quelquefois le dimanche avec sa famille. Son plus doux p a s s e - t e m p s , tandis qu'il abandonne à sa femme le soin du commerce et du mé- nage , est de vider quelques bouteilles de bierre en fumant sa pipe dans son café de prédilection. Il n'y a pas long-temps , c'é-