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              « Va voir, dit-il, l'objet dont je suis enflammé;
             « Va, dis-lui que je meurs également charmé ,
             « Que jamais mon respect ne voulut de son ame ,
             « Ni de désir forcé, ni de coupable (lame,
             « Que craignant de troubler de secondes amours,
             « J'immole à ses appas et mon sang et mes jours. »
             A peine a-t-il fini, que la fureur l'emporte ;
             En vain je le retiens, l'adoucis et l'exhorte,
             H saisit une épée, il se dérobe à nous,
             Il s'enfuit furieux et mesurant ses coups.

   Malgré ce beau désespoir, le prince n'use pas de son épée, et
à la Ve scène, on le retrouve en face d'Ostorius , qui tient ce lan-
gage de matamore :
                (Auroi.) (Au prince.)                   (ASarcide.)
              Je vous hais. Je vous hais. Je me hais. Je vous aime.
              Je ne vous cède point, je me cède à moi-même;
              Du combat de nous trois, l'un à l'autre odieux,
              Si quelque autre que moi sortait victorieux,
              Jaloux que je serais d'une si belle gloire,
              Je lui disputerais à jamais la victoire.
              Mais ce n'est point au prince, et ce n'est point au roi,
              J'ai vaincu l'un et l'autre, et n'ai cédé qu'à moi.
              Vivez, heureux amans, en de paisibles chaînes,
              Puissent mille plaisirs succéder à vos peines,
              Et plutôt que je rompe un nœud si doux, si beau,
              Puissent vos bons destins m'enfermer au tombeau.
                                     LE ROI.                     . ,
              Ah! vainqueur généreux!
                                    LA REINE.

                                         Gloire des belles âmes!
                                   LE PRIMCE.

              Mon cœur suspend encor le plaisir de mes flammes.
                                    OSTORIDS.

              Non, non, ne craignez rien ; on m'ôtera le jour
              Plutôt que de souffrir qu'on trouble votre amour.
              Mais, avouez au moins que la vertu romaine
              Sait vaincre également états, amour et haine,
              Et qu'ayant résisté contre de si beaux yeux,
              Elle a de quoi tout vaincre, états, hommes et dieux (1).

  (1) Voyez I'HISTOIRE DU THÉÂTRE TRANÇAIS, tom. VIII, pag. 283-301.