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de la France , Lestocq entend du bruit : ce sont les soldats de Nowogorood qui
s'introduisent dans le palais ; il n'y a pas un moment à perdre , il y a une dernière
détermination à prendre ; un chœur mystérieux et conspirateur commence ; ce
chœur est d'un effet puissant, non que le motif en soit heureux , mais il est conve-
nablement placé , l'exécution en est bonne , le crescendo de l'orchestre et des voix
y est merveilleux.
    La pièce se termine par des coups de fusils et par un chœur triomphal ; à pro-
pos de cela, je voudrais bien queles porte-drapeaux ne les agitassent pas sur la tête
 d'Elisabeth d'une manière si ridicule.
    Madame Vadé-Bibre est aussi bien en rein» qu'elle est mal en bergère , et je
 vous dirai tout bas qu'elle est très-mal en bergère. C'est entre elle et madame Va-
 lière un déplaisant contraste de petitesse et de grandeur.
    Si malgré nos prévisions, Lestocq ne fait pas de brillantes recettes, la faute
 doit être rejetée , non point sur nos artistes , qui tous ont rivalisé de zèle , mais
 bien sur Auber. La musique de cet ouvrage est manquée ; elle devait avoir deux
 caractères opposés : l'un de légèreté et de coquetterie, c'était la part d'Elisabeth; l'au-
 tre largement indiqué, tracé avec vigueur, appartenait à l'adroit et intrigant méde-
 cin. Il y a bien çà et là quelques marches de basse qui ont une tendance à reproduire
 quelque chose de cela, mais ce n'est pas assez ; Auber manquait de sujets, il a
  écrit pour les acteurs, et non pour le poème; aussi, les morceaux d'ensemble four-
  millent dans sa partition, tandis qu'on y cherche vainement un morceau capital :
  tout cela explique peut-être la froideur du public.
     Cependant, à tout prendre, la musique est jolie, le drame attachant : que
 faut-il de plus pour un succès?
                                                                  A.   MANjai'ET.