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dans les environs de notre c i t é , consola beaucoup de malheureux , et fit le bien
sans le dire. Plus t a r d , il professa pendant u n an la théologie, au grand
séminaire de St-Irénée..Ensuite , il fut curé à St-Etienne , où sa bonté et son zèle
tout évangéliqueslui concilièrent les cœurs des populations. Il passa de là à la cure de
St-Nizier, où il a terminé sa carrière. Nous savons p e u de choses sur sa vie ; nous
avons interrogé pourtant des prêtres, ses coopérateurs dans l'œuvre du Christ; mais
il nous a été répondu, après quelques détails, que M. Vuillerme a passé sur la
terre , humble et silencieux, comme presque tous les hommes de bien et de vertu.
 r   Lorsque M. Vuillerme sentit les premières atteintes de la maladie qui l'a jeté
dans la t o m b e , il venait de visiter l'église de St-Irénée et d'y épancher son amc
aux pieds des autels. En sortant d'une réunion qui avait pour but une œuvre de
bienfaisance , il fut surpris par une attaque d'apoplexie foudroyante , tomba dans
la r u e , et fut relevé p a r trois soldats , qui le transportèrent dans une maison voi-
sine. On le conduisit à la cure d e St-Irénée , d'où il fut ramené presque mourant
à St-Nizier. Apres une bien courte maladie, M. Vuillerme succomba, le 12 n o -
vembre , à l'âge de 59 ans.
     Un convoi nombreux s'est pressé à ses funérailles, et l'on aurait dit que ce n ' é -
tait pas un simple prêtre qui allait ainsi entouré , à sa dernière demeure , mais
quelqu'un des grands de la terre.
     M. Vuillerme a été inhumé dans la nouvelle enceinte, destinée au cimetière d e
Loyasse , pour les sépultures ecclésiastiques. Un monument lui doit être érigé ;
son cœur bientôt sera déposé dans une chapelle de l'église St-Nizier. Cette cha-
pelle est la troisième à gauche ; sur une tenture noire , on y lit ces mots latins :
BONUS PASTOR REQEIESCAT m PACE. NOUS ne voudrions pas précisément               ce s e n s ,   et
nous aimerions mieux REQUIESCIT.
     M. Vuillerme n'était point un homme brillant par ses formes extérieures; simple
et bon, mais de cette bouté, de cette simplicité qui viennent d'un cœur où se mène,
comme parlent nos livres saints, une fête perpétuelle, M. Vuillerme avait pour lui
un sens extrêmement d r o i t , un jugement s û r , et une immense charité. Un des
derniers traits de sa vie , le peindra mieux que toutes nos paroles.
     « Pendant nos trop sanglantesjournées d'avril, un ouvrier avant de fuir avait jeté
son fusil dans l'église St-Nizier au-dessus d'un confessionnal ; quelques jours après,
il revint, s'aperçut que cette arme n'avait pas été découverte et était encore à ia
même place ; il va trouver le curé et lui demande la permission d'entrer la nuit
dans l'église pour reprendre ce; qu'il y a laissé : mon ami,lui dit le c u r é , je ne puis
vous le permettre ; j e prendrai ce fusil moi-même , et je le détruirai. — Mais , dit
l'ouvrier, qui désirait bien retrouver son arme , si ce fusil n'était pas à moi? —
J'entends , il vous faudra le payer et vous n'avez pas d'argent ; eh bien ! combien
vaut-il! — L'ouvrier , i n t e r d i t , avoua que le fusil lui appartenait. — Je le b r û -
lerai et je vous en donnerai le p r i x , dit le c u r é , quand vous n'aurez pas d'ouvrage. »

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