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ble fiacre, le cabriolet l é g e r , ou le bannal omnibus. J'ai vu
dans nia jeunesse des chaises à porteurs de louage sur la place des
Terreaux , près l'hôtel du Parc.
    A présent qu'on ne connaît de chaise à porteurs que celle que
le marquis de Mascarillo fait entrer dans le sallon des Précieuses
Ridicules, on ne s'accoutume pas à l'idée d'un homme en santé ,
bien dispos, porté par deux autres hommes dont la poitrine
oppressée par de fortes bretelles, les muscles t e n d u s , les veines
gonflées annonçaient la fatigue, et qui remplissaient, exposés aux.
injures de l ' a i r , l'office de bêles de somme. On devait rire en
voyant un abbé jeune et fleuri, remplir de son embonpoint une
chaise destinée, à la vieillesse impotente. Je regardais un jour
une chaise à porteurs qui transportait une pauvre vieille femme-
 à l'Hôpital. Elle était p e i n t e , dorée ; quoique ternie on distin-
 guait sur les panneaux des chiffres formés par des guirlandes de
 fleurs. YoiJà, me d i s - j e , une chaise qui a appartenu à une
 grande dame ? Point du t o u t , me dit un érudil de ma connais-
 sance , très-fort dans la science héraldique , elle a appartenu à
 un chanoine de notre égl;sc Saint-Jean. Il me fit r e m a r q u e r , en
 effet, les armes qui étaient à la p o r t i è r e , soutenues par le lion et
 le grillon du noble chapitre de Saint-Jean ; la couronne d e
 c o m t e , car ces chanoines étaient comtes ; la crosse et la mitr-e,
 car ces Messieurs officiaient avec les ornemensépiseopaux ; enfin
 la croix émaillée , ornée de fleurs de lys , et le ruban d'ordre
 qui décorait cette chaise comme celle d'un prince empourpré de
 l'église. Il y a loin , pensé-je , de ce faste-là aux sandales et au
 bâton blanc des premiers apôtres.
  J'ai v u , dans ma j e u n e s s e , quelques médecins de Lyon se
servir de la chaise à porteurs. Je vois encore sortir de sa chaise
certain docteur, couvert d'une vaste p e r r u q u e , monter grave-
m e n t , appuyé sur sa canne à pomme d ' o r , au dernier étage
d'une maison de la rue N o i r e , pour assister un pauvre d i a b l e ,
car il était charitable, quoique médecin fort occupé. Mais déjà
on se permettait de rire de cette façon d'aller. Des médecins se
coiffaient comme tout le monde , portaient des habits de couleur
et ne croyaient pas qu'il fut néceessaire à un docteur de feindre
la vieillesse et d'affecter des manières d'autrefois. Téméraire