Un sinologue et ses livres

La donation Michel Soymié enrichit la composante religieuse du fonds chinois

L'intérêt de la ville de Lyon pour la Chine n'est pas récent, chacun le sait. Dans le domaine des bibliothèques, il n'est que de rappeler l'existence de l'Institut franco-chinois qui a formé des étudiants chinois pendant 25 ans. Un institut riche d'une documentation, notamment en périodiques chinois, rare et même introuvable dans les plus grandes bibliothèques françaises. La Bibliothèque de la Ville de Lyon, qui conserve ce fonds si utile, a considérablement développé ses collections depuis quelques années, dans le domaine sinologique. Les divers dons, legs ou dépôts y ont constitué un pôle de premier ordre sur la Chine, grâce aux fonds du général Guillermaz et de madame Michelle Loi pour l'histoire et la littérature du XXe siècle et à la bibliothèque privée d'André d'Hormon, grand spécialiste de la littérature classique de la Chine, ayant rejoint la bibliothèque jésuite des Fontaines, elle-même maintenant en dépôt à Lyon. Cet ensemble imposant vient d'être complété par une collection importante sur la Chine médiévale et l'histoire religieuse de la Chine, celle de Michel Soymié donnée par son épouse, Nicole Soymié en 2003.

Michel Soymié (1924-2002) fut l'un des grands sinologues de sa génération. C'est au sortir de la guerre de 1939-1945 qu'il se tourne vers les études extrême-orientales, après une période douloureuse pour ce jeune homme qui a quitté la France pour l'Afrique du Nord où il n'est parvenu, malade, qu'après un long séjour d'internement dans les geôles espagnoles. A l'Ecole des langues orientales, il apprend le chinois et le japonais, tout en préparant une licence de lettres comprenant l'ethnologie et la linguistique. Dès cette époque, il entre de plein pied dans l'étude des religions chinoises, bouddhisme et taoïsme, et complète sa formation par l'apprentissage du tibétain. En 1951, il est recruté par le Centre national de la recherche scientifique comme stagiaire de recherches et y devient peu après attaché. C'est là que, guidé par Paul Demiéville, professeur au Collège de France, immense connaisseur du bouddhisme comme de la pensée et de la littérature de la Chine, il s'intéresse aux manuscrits découverts dans les grottes de Dunhuang, en Chine centrale. Non seulement cet intérêt ne le lâchera plus, mais il se renforcera considérablement deux décennies plus tard. Rédigeant son premier article sur un sujet de littérature vernaculaire, un conte relatant l'entrevue de Confucius et d'un enfant qui désarme le sage par ses questions, Michel Soymié puise ses sources dans les manuscrits de Dunhuang [note]Situées dans le nord ouest de la province du Gansu sur la Route de la soie, ces grottes sont un des hauts lieux de l'art bouddhique chinois. conservés à Paris et à Londres, en tibétain et en chinois. Il en compare les différentes versions avec les textes modernes en chinois, en mongol ou en thaï.

Michel Soymié en 1979 (coll.part.).

Cette incursion dans les documents de Dunhuang est le reflet d'une attention croissante à cet immense trésor que les matériaux découverts sur ce site représentent. Avant de poursuivre la mise en relation de la constitution de la bibliothèque de Michel Soymié, qui reflète les champs de ses travaux et les étapes de sa carrière, il est nécessaire de rappeler ce que représente Dunhuang, ses manuscrits et ses peintures.

Quête assidue et malversations

La découverte retentissante, comparable, dans un autre contexte, à celle des manuscrits de la mer Morte, s'inscrit dans un ensemble de missions d'exploration de l'Asie centrale, associant des perspectives archéologiques à des préoccupations politiques, à la fin du XIXe et au début du XXe siècle. S'y trouvent en concurrence Russes et Britanniques, Suédois, Allemands, Japonais, Finlandais, Français et finalement Américains. Au début, les voisins de ce que l'on appelle alors Turkestan chinois, Russes et Britanniques, par l'intermédiaire de l'empire des Indes, ont ouvert un consulat dans la ville de Kashgar. Les sables de ces régions font apparaître aux audacieux voyageurs des vestiges d'un passé lointain et oublié mais fascinant pour les Européens, car exprimant les traces laissées par les expéditions d'Alexandre le Grand. Dès les années 1870 sont retrouvées une statuette de tête de bouddha d'inspiration gandharienne et des monnaies gréco-bactriennes. Les premiers manuscrits sont découverts en 1890, qui montrent la diffusion des écritures indiennes jusqu'en Chine. La course aux antiquités démarre Les grandes nations délèguent leurs missionnaires, plus ou moins expérimentés et compétents. Tout est bon pour la recherche, que ce soit dans le domaine zoologique (avec notamment le célèbre cheval sauvage de Prjevalsky [note]Seul cheval sauvage vivant encore aujourd'hui, il est originaire de Mongolie et fut découvert en 1879 par le colonel russe Nikolai Przewalsky. L'espèce, en voie d'extinction, n'existe plus à l'état sauvage. ), botanique, archéologique, topographique, jusqu'aux briques de thé que l'on prend d'abord pour des objets d'importance. Cette quête assidue engendrera des malversations spectaculaires.

Les grottes de Mogao à Dunhuang, vue générale (d.r.).

Aux trouvailles qui sortaient de fouilles expéditives, s'adjoignent bientôt des pièces nouvelles entièrement fabriquées à dessein. Des manuscrits dans des écritures inconnues, qui se révèleront bientôt comme le résultat de supercheries organisées, sont proposés aux savants qui peinèrent à les déchiffrer. L'un des faussaires en vint même à fabriquer des livres imprimés, afin d'accroître la production de son atelier.

Peu à peu les missions s'organisent et les informations circulent dans le cadre d'une Association internationale pour l'exploration de l'Asie centrale et de l'Extrême-Orient, créée pour l'occasion. L'exploration multipolaire céde le pas à des préoccupations archéologiques, même si la formation archéologique des missionnaires est alors loin de ce que l'on attend d'elle maintenant.

Les premiers repérages de monuments ont lieu en fait dès les années 1890, mais c'est surtout au moment du changement de siècle que des fouilles conséquentes sont réalisées, d'abord avec le Suédois Sven Hedin dans la région de Kashgar et Khotan, puis de Loulan et du lac Lobnor ; avec les Allemands Albert von Le Coq et Albert Grünwedel à Turfan ; les Russes Dmitry Klementz, Sergei Oldenburg et Piotr Kozlov à Turfan, puis Dunhuang et Kharakhoto ; le Britannique Aurel Stein à Khotan, Dunhuang et Kharakhoto ; les Japonais de la mission envoyée par le comte Otani à Turfan, Loulan et Dunhuang ; et enfin le Français Paul Pelliot, jeune sinologue de génie.

Les cinq cent grottes de Dunhuang

Lorsque Pelliot parvient à Dunhuang en 1908, le site de quelque 500 grottes bouddhiques, creusées dans une falaise non loin de la petite ville de Dunhuang, ancienne commanderie militaire chinoise fondée à la fin du deuxième siècle avant l'ère chrétienne, il est connu des Occidentaux depuis quelques années. Visité rapidement par Charles-Eudes Bonin en 1899, le complexe des grottes attire encore peu l'attention malgré l'extraordinaire importance de ses peintures murales et de ses sculptures. Leur aménagement et leur décoration commencent à la fin du IVe siècle de l'ère chrétienne et s'étendent jusqu'au XIVe siècle. L'ensemble comprend près de 500 grottes et niches, sans compter les niches de la partie septentrionale de la falaise qui se montent à 248, fouillées il y a quelques années seulement.

La grotte de Mogao n° 285, vue partielle, milieu du VIème siècle (d.r.).

Ces grottes, par leur construction et plus encore par leur décor, apportent des sources de tout premier ordre pour l'histoire de la peinture chinoise, notamment pour la période du Ve au Xe siècle, dont les traces authentiques sont alors à peu près inexistantes, ainsi que pour l'art bouddhique. Bien plus, en 1900 à ce qu'il semble, le gardien du site découvre par hasard une petite grotte fermée depuis dix siècles et remplie à ras bord de manuscrits. Plus de 50 000 rouleaux, livrets et fragments de toutes sortes, mais tous sur papier ! La nouvelle va faire du bruit et attirer les explorateurs archéologues occidentaux, tandis que les autorités chinoises s'en désintéressent, prises par d'autres occupations et ne se rendant pas compte de l'importance de la découverte. Aurel Stein arrive le premier sur les lieux et achète près de dix mille pièces, entières ou fragmentaires, surtout en écritures chinoise et tibétaine. Quelques mois plus tard, c'est le tour de Paul Pelliot qui acquiert également plusieurs milliers de manuscrits. Pelliot, qui maîtrise parfaitement le chinois, fait une sélection parmi les dizaines de milliers de manuscrits dans cette langue. Il ajoute à sa moisson un lot important de manuscrits en tibétain, des textes sanscrits et en turc ouïgour, en sogdien et en khotanais, et même en hébreu. Par la suite, jusqu'en 1914, les missions japonaises et russes, ainsi qu'une deuxième expédition d'Aurel Stein, prélèvent encore plusieurs milliers de manuscrits... et pas seulement des fragments, tandis qu'une part importante, plus de dix mille rouleaux, est acheminée à Pékin après que l'ordre a été donné de la capitale de mettre un terme à cette fuite. C'est qu'à la suite du passage de Pelliot à Pékin, passage au cours duquel il a montré à quelques grands savants tout l'intérêt des manuscrits de Dunhuang, les autorités centrales ont été alertées.

De la Chine au Japon

Mais que contenaient donc ces documents qui allaient bouleverser les connaissances sur le Moyen-Age de la Chine ? D'abord, par ses dizaines de milliers d'écrits bouddhiques, dont un grand nombre de textes inédits, toute une part de l'histoire du bouddhisme apparaissent sous un nouveau jour, qu'il s'agisse des débuts du bouddhisme chan ou zen, ou plus généralement de l'histoire des sectes, mais surtout de l'organisation des monastères, de l'histoire sociale et économique de cette religion dont l'emprise se révéla si grande, qu'elle fut à plusieurs reprises proscrite temporairement. L'histoire du taoïsme peut également être désormais abordée avec de nouveaux matériaux. Il en est de même pour la littérature dite populaire, pour l'histoire administrative, économique, sociale de la Chine, surtout aux VIIe-Xe siècles, sans parler de l'histoire locale. Les collections constituées à Londres, Paris, Saint-Pétersbourg, Kyoto et Pékin contiennent en outre les premiers témoignages de l'apparition de l'imprimerie en Chine, grâce à des xylographies des IXe et Xe siècles.

Tous ces matériaux doivent être étudiés, édités ou traduits et d'abord catalogués. En France, après un premier inventaire dressé par Pelliot lui-même, la collection de manuscrits chinois donnée à la Bibliothèque nationale, fait l'objet de soins attentifs, mais reste sans catalogue détaillé jusqu'après la mort de Pelliot en 1945. Paul Demiéville engage alors deux jeunes chercheurs pour ce travail, au début des années 1950 : Jacques Gernet et Wu Chi-yu. Le premier volume de ce catalogue, portant sur 500 manuscrits, tarde malgré tout à paraître jusqu'en 1970.

Page de titre du volume 5 du Catalogue des manuscrit chinois de Touen-houang : fonds Pelliot chinois dela bibliohtèque nationale, dirigé par Michel Soymié Paris, EFEO, 1995 (BM Lyon, s.c.).

Au cours de cette période, Michel Soymié a passé une longue période d'environ dix ans au Japon. D'abord pensionnaire à la Maison franco-japonaise à Tokyo, il devient ensuite membre de l'Ecole française d'Extrême-Orient (EFEO), en poste à Kyoto, puis de nouveau à Tokyo. C'est essentiellement au cours de ces années, de 1956 à 1966, qu'il constitue sa bibliothèque personnelle. Il est chargé, par le directeur de l'Ecole, d'approvisionner les fonds de la bibliothèque de l'établissement qui vient d'établir à Paris sa bibliothèque, en très grande partie à reconstituer à la suite du départ de la France du Vietnam où l'EFEO s'est installée en 1898. Déjà avant son premier séjour au Japon, il a prêté son concours à la bibliothèque de la Société asiatique, nourrissant ainsi son goût pour les livres. Une fois de retour à Paris, il se consacrera à nouveau, même après être entré en retraite, à la gestion du fonds chinois de la Société.

Recherches et achats

Au Japon, et notamment dans le quartier de Kanda à Tokyo, Michel Soymié débusque chez les meilleurs libraires, les ouvrages portant sur le bouddhisme, créant de la sorte un fonds jusqu'alors inexistant à Paris. Avec raison, il s'efforce d'acheter de manière systématique des recueils de « Mélanges » en l'honneur des grands savants, ouvrages nombreux au Japon, mais généralement hors commerce et donc difficiles à trouver. Pour lui-même, il s'attache à acquérir tout ce qui peut l'être comme instrument de travail et comme publications spécialisées. C'est ainsi qu'il achète l'ensemble du canon bouddhique dans son édition dite de Taishô, puis la totalité des volumes d'index. Il possède également la réimpression du canon du taoïsme, des bibliographies, des index, des encyclopédies, les éditions japonaises des ouvrages classiques chinois, ainsi que des traductions en japonais de ce type d'ouvrage et, bien sûr, toutes sortes de monographies.

Paul Pelliot dans la grotte "au manuscrits" en 1908 (© Musée Guimet)

Il faut dire que les études chinoises sont à cette époque particulièrement florissantes au Japon et que rien n'échappe à la vigilance de Michel Soymié. Il y consacre la majeure partie de ses revenus. Ses acquisitions suivent bien sûr les orientations de ses travaux personnels, mythologie, bouddhisme et taoïsme (plus particulièrement dans leurs croisements et leurs confrontations), syncrétisme religieux, mais encore littérature, essentiellement dans sa dimension religieuse. Proche de grands savants tels que Yoshioka Yoshitoyo, grand spécialiste du taoïsme, Michel Soymié porte tout particulièrement son attention vers les enfers et le purgatoire, vers le devenir des êtres après leur mort dans l'attente des voies de renaissance, vers la bureaucratie infernale qui enregistre les actes, bons et mauvais, des êtres humains, comme le ferait la bureaucratie impériale, vers les divinités et les personnages qui accompagnent les défunts dans ce passage terrible.

Comme dans beaucoup de champs de recherche de la sinologie, le recours aux manuscrits et aux peintures de Dunhuang est indispensable. La bibliothèque de Michel Soymié s'enrichit donc de multiples ouvrages en chinois et en japonais ainsi qu'en langues occidentales. Il se procure tout ce qui se publie ou qui est disponible et qui traite des matériaux de Dunhuang, non seulement dans son domaine de prédilection, mais également dans les autres. Parallèlement, il est abonné aux grandes revues de la sinologie japonaise, Tôhô gakuhô, Tôyôshi kenkyu...

Une bibliothèque au service de tous

Michel Soymié rentre à Paris en 1966 pour prendre ses fonctions nouvelles de directeur d'études à l'Ecole pratique des hautes études où il occupe, à la section d'Histoire et de Philologie, la première chaire consacrée expressément à la Chine. Quelques années plus tard, en 1973, il est appelé par Paul Demiéville à devenir le responsable d'une équipe de recherche qui se crée, en association entre l'Ecole pratique des hautes études (EPHE) et le Centre national de la recherche scientifique (CNRS), pour poursuivre le catalogue des manuscrits chinois de Dunhuang conservés à la Bibliothèque nationale. Paul Demiéville considère en effet que la tâche n'a que trop tardé. Plus de soixante ans après leur arrivée en France, ces manuscrits n'ont toujours pas fait l'objet d'un catalogue détaillé et complet ! Seuls 500 manuscrits ont été traités sur plus de 2500. Ce catalogue devient donc la mission première de Soymié, lequel doit constituer une équipe.

Le Roi de la capitale (Dushiwang ou Toshi ô, l'un des Dix roi des enfers) et son tribunal tiré de Jûô sandan shuzen shô zue Kyôto, Bunshôdô, Mangyôkudo, Buntokudô, [1853], vol. 3, p. 30-31 (BM Lyon, fonds chinois, Fonds Soymié, s.c.).

Celle-ci doit rédiger et publier le catalogue à partir du numéro 3000. Il est nécessaire de préciser ici que la numérotation des manuscrits chinois commence à 2001, puisque les numéros 1 à 2000 ont été réservés aux documents tibétains sommairement catalogués par Marcelle Lalou entre les années 1930 et le début des années 1960. Par ailleurs, la tranche des numéros 2001 à 2500 étant achevée, le volume suivant (Pelliot chinois 2501-3000) est confié à la Bibliothèque nationale, sous la direction de Marie-Rose Séguy. Le projet réalisé par Michel Soymié va se réaliser avec toute l'énergie et la compétence de son directeur. Le premier volume est publié en 1983, le suivant en 1991 et le dernier, comprenant plus de 800 manuscrits, en 1995.

L'Enfer avîci (le plus profond des enfers brûlant, où les peines s'enchaînent sans répit), tiré de Jûô sandan shuzen shô zue Kyôto, Bunshôdô, Mangyôkudô, Buntokudô, [1853], vol. 3, p. 53, (détail) (BM Lyon, Fonds chinois, Fonds Soymié, s.c.).

Les moyens matériels de la jeune équipe de recherche sur les manuscrits de Dunhuang étant particulièrement limités, la bibliothèque de travail de celle-ci est essentiellement constituée à partir des ouvrages personnels de Michel Soymié lui-même, que ce dernier met en dépôt dans ses locaux. Les fonds disponibles accordés par le CNRS et l'EPHE sont consacrés à l'acquisition des microfilms des autres collections, au fur et à mesure de leur réalisation. Mais Michel Soymié consacre tous ses efforts pour que les membres de l'unité de recherche aient à leur disposition les ouvrages, articles et documents relatifs au site de Dunhuang, et cela dans tous les domaines : religions, littérature, histoire de l'art, économie, etc. Sa bibliothèque, sans aucun doute unique au monde, est mise au service de tous. Elle servira de surcroît à la préparation du catalogue des quelque 200 peintures de Dunhuang, jadis acquises par Paul Pelliot et conservées au musée du Louvre, puis au musée Guimet. Ce travail est réalisé entre 1984 et 1985 et publié, après plusieurs années seulement, en 1995.

Image tiré de Shôsan (fl. 1847), Daikyô goaku zue Kyôto, Izumoji Bunjirô, Hishiya Matabê, Hishiya Tomoshichi, [1848], vol. 1, p. 23 (BM Lyon, fond chinois, Fonds Soymié, s.c.).

Les moyens matériels de la jeune équipe de recherche sur les manuscrits de Dunhuang étant particulièrement limités, la bibliothèque de travail de celle-ci est essentiellement constituée à partir des ouvrages personnels de Michel Soymié lui-même, que ce dernier met en dépôt dans ses locaux. Les fonds disponibles accordés par le CNRS et l'EPHE sont consacrés à l'acquisition des microfilms des autres collections, au fur et à mesure de leur réalisation. Mais Michel Soymié consacre tous ses efforts pour que les membres de l'unité de recherche aient à leur disposition les ouvrages, articles et documents relatifs au site de Dunhuang, et cela dans tous les domaines : religions, littérature, histoire de l'art, économie, etc. Sa bibliothèque, sans aucun doute unique au monde, est mise au service de tous. Elle servira de surcroît à la préparation du catalogue des quelque 200 peintures de Dunhuang, jadis acquises par Paul Pelliot et conservées au musée du Louvre, puis au musée Guimet. Ce travail est réalisé entre 1984 et 1985 et publié, après plusieurs années seulement, en 1995.

Dans ses travaux personnels sur les jugements des morts, Michel Soymié s'était forgé, dès les années 1960, une excellente formation en iconographie, laquelle va lui servir pour ce travail magistral. Il en tirera en outre plusieurs articles. Toute cette collection de plus de 8000 volumes, acquise scrupuleusement, se trouve désormais à la Bibliothèque de la Ville de Lyon où tout un chacun peut la consulter tout à loisir.