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^L'ANE ET LA VIGNE. 445 La Vigne de son mieux proteste par des pleurs. Sans se plaindre, accablé par les coups d'etrivieres Qui pleuvent sur son dos dru comme argent comptant ; Façonné de bonne heure à ces rudes manières, Le pauvre Ane au logis revient clopin-clopant. Qu'arriva-t-il pourtant? Au retour de l'automne, Sur le cep'élagué, se pressent les raisins, Tandis qu'à ses côtés une folle couronne De pampres éperdus écrase ses voisins. L'homme, frappé de ce prodige, Eut, du moins, le bon sens de le mettre à profit : Désormais de sa, vigne il émonda la tige, A l'exemple de l'Ane, et vraiment bien il fit. Quant à l'humble inventeur, il dût, je l'imagine, Brouter, comme devant, la ronce et le chardon, Et de ses descendants, comme autrefois, l'échiné Reçoit, outre le bât, l'empreinte du bâton. J'ai voulu de ce fait, consigner la mémoire, Et réhabiliter son auteur parmi nous, Afin qu'en souvenir, tout manant, après boire, Pour l'utile animal soit plus sobre de coups. F. COIGNET.