page suivante »
!38 BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. Sur la fin de 1619, Claude Expilly, président au parlement de Grenoble, et ami du père de Salvaing de Boissieu, ramena le jeune homme dans sa province, et le présenta au maréchal de Lesdiguières, qui lui conseilla d'entrer dans la robe. 11 eût pré- féré le parti des armes, qu'avaient suivi ses ancêtres, mais il ne s'en livra pas moins avec tant d'ardeur à l'étude du droit qu'il fut reçu docteur en l'Université de Valence, le 15 avril 1621. Deux ans après, il obtint de sa mère la permission de retourner à Paris, où il s'occupa d'étendre ses connaissances par la fré- quentation des savants et des écoles publiques. « Il voyait sou- vent le P. Jacques Sirmond, jésuite, un des plus grands hommes de son Ordre, dont la réputation n'a pas été moindre parmi les étrangers que parmi nous (1) ; » et Antoine Villon, dit le Soldat philosophe-.c'est le professeur anti-aristotélicien de l'arrêt bur- lesque de Despréaux. Curieux de tout genre de science, de Bois- sieu voulut même avoir quelque teinture des mathématiques, et prit des leçons de Jacques Martin, qui occupait dès l'année 1610 la chaire fondée par Ramus au Collège royal. Cet infor- tuné professeur, tout embabouiné de sa Judiciaire, s'était ima- giné qu'il courait risque d'être assassiné dans sa maison, et n'avait d'autre logis qu'un colombier vide, où il avait fait porter son lit ; il n'avait pas de valet, et tirait après lui l'échelle, une fois qu'il y était juché. Le jeune Salvaing, rappelé en Dauphiné pour ses affaires do- mestiques , fut admis dans l'intimité de Louis de Bourbon. comte de Soissons, gouverneur de la province. Les habitu- des de cette cour le débauchèrent tellement, lui qui avait échap- pé aux dangers de Paris, qu'il ne voulut plus entendre par- ler de robe, ni de jurisprudence, et s'occupa uniquement de plaisirs et de poésie. Il s'éprit alors d'une jeune personne de qualité, fille de Jean Leblanc, appelé du Perse, et capitaine des gardes du Connétable. Elle était Protestante : le consistoire de (t) Relation, pag. 32. —Dans une noie sur ce Religieux, M. de Terrebasse répète une fausse date qui se trouve déjà dans la Biographie universelle. Sir mond naquit le 12, et non le 22 octobre i55ç). -