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                       DE NAPOLÉON A LYON.                              103
préfet du Rhône de septembre 1802 à 1805, qui y étaient joints,
constatent l'emprunt que ce fonctionnaire en avait fait ; vérifi-
cation faite, il a été reconnu qu'au nombre des mémoires prê-
tés se trouvaient ceux du concours sur la question relative au
bonheur des hommes, proposée pour 1791. Seize mémoires
avaient été envoyés, il en manquait deux, les numéros huit et
quinze ; mais le numéro huit, jugé le meilleur, avait été renvoyé,
en 1791, par M. de la Tourette, à son auteur, M. Daunou, qui
le retoucha et obtint le prix en 1793 ; c'est donc le numéro
quinze qui aurait été soustrait par ordre de M. Talleyrand, et
celui-là qui aurait été l'œuvre du jeune Buonaparte. On voit
donc que c'est à tort qu'on a avancé qu'il remporta le prix.
Voici maintenant le jugement que portèrent de ce mémoire deux
examinateurs du concours : l'un deux, M. Vasselier (1) dit que
c'était un songe trop prolongé ; l'autre M. ChampigneuUes (2)
s'exprima ainsi : « Le numéro quinze n'arrrètera pas longtemps
les regards des commissaires; c'est peut-être l'ouvrage d'un
homme sensible, mais il est trop mal ordonné, trop disparate,
trop décousu et trop mal écrit pour fixer l'attention. »
   Buonaparte a assez de sa gloire justement méritée, et il ne
convient pas d'ajouter au grand nombre de couronnes qu'il a lé-
gitimement conquises, la modeste palme qui revient à M. Daunou.


                                    VI.

  Le 29 septembre 1792, forcé de ramener dans sa famille sa
sœur Elisa que les événements politiques avaient fait sortir de
Saint-Cyr/ Napoléon partit de Paris pour la Corse, et il dut tra-

   (i) Joseph Vasselier, né à Bourg en 1735, mort à Lyon, en novembre
1798, était employé de l'administration des postes et membre de l'Académie
de Lyon. Poète assez estimé de Voltaire, il a publié trois volumes de poésies
erotiques et de contes licencieux imprimés en 1799.
   (2) Clarles-Claude Floret-Thorel de ChampigneuUes, trésorier de France
dans la généralité de Lyon, fut reçu à l'Académie en 1768. Il mourut en 1809,
laissant divers petits ouvrages imprimés et quelques mémoires manuscrits.