Revue du Lyonnais » série 2 - n°1 ( 1850 ) » pp.088

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 les absorbe, elle se les assimile, mais elles y conservent leur
type, en devenant lyonnaises. C'est essentiellement la ville des
contrastes ; elle offre un air de solennité et de grandeur, même
dans ses défauts. Il n'y a pas une cité au monde aussi ma-
jestueuse dans ses masses, et aussi négligée dans ses détails.
Lyon est à la fois une ville actuelle, une ville du moyen âge,
une ville romaine. Paris lui-même est infiniment moins ci-
tadin que le centre de Lyon ; il a plus d'air, plus d'espace,
plus de lumière; les maisons y sont moins hautes, moins
pressées ; les loyers, le sol et l'espace infiniment moins chers ;
mais il ne voit pas au bout de la rue noire une campagne sus-
pendue sur sa tête. C'est cet aspect éminemment pittoresque
 d'une grande partie de Lyon, ce sont ces amphitéàtres de mai-
sons mêlées d'arbres, ces quais larges et sinueux, ces collines
chargées de demeures et de clos verdoyants , inscrites dans les
murs de la ville, comme les monts de Rome, qui lui donnent
un genre de beauté unique. De là vient aussi un effet de lumière
qu'on ne trouve nulle part aussi magnifique. Placez-vous le
soir, sur l'ancien pont Seguin (aujourd'hui du Palais-de-Justice),
et vous aurez sous les yeux le surprenant spectacle d'innom-
brables clartés se confondant avec les étoiles, partant du rez-
de-chaussée et montant aux cieux , semées avec profusion à la
fois sur Fourvières, sur la croupe des Chartreux, sur les mai-
sons aériennes que domine la tour Pitrat, et jetant tous leurs
magiques reflets dans la Saône ; en sorte qu'ayant des étoiles à
vos pieds, à vos flancs, sur votre tête, vous êtes littéralement
debout entre quatre             firmaments.            ,
    Eu général, on ne comprend point la maison à Lyon comme
 dans les villes du Nord ou du Midi. La maison lyonnaise, c'est
 un monde, c'est une espèce de caserne, où chaque ménage est
 étroitement casé; c'est une masse toute égyptienne, vertébrée
avec use incroyable énergie. Point ici de ces hôtels nobles en-
tre cour et jardin , point de ces maisons bourgeoises occupées
par une seule famille. Les plus riches Lyonnais sont locataires
ou ont des locataires : tout leur luxe , toute leur indépendance ,
tout leur confortable, c'est dans leurs villas qu'ils les mettent,