page suivante »
54 LE MONT-D'OR EN 1849. duire un bal au grand salon de l'établissement. Défiez-vous de la troupe d'Issoire, s'il plaît au directeur de transporter ses amou- reux transis au pied du pic du Sancy. Défiez-vous de tous les plaisirs que son affiche peut vous promettre. Regardez autour de vous, c'est bien le plus beau livre que vous puissiez lire, le plus beau spectacle que vous puissiez voir. L'Opéra n'a rien de si grandiose et de si émouvant à présenter à vos re- gards surpris. Allez gravir le pic du Capucin, la Roche-Thuilière et la Roche-Sanadoire ; allez contempler la vallée de Chaude- four. La nature fait ici tous les frais, elle vous éblouit, elle vous donne le vertige devant les merveilleux tableaux qu'elle se plaît à dérouler devant vous. Je connais pourtant des yeux assez malheureux pour ne voir ni admirer ces gigantesques décora- tions taillées dans le roc. J'ai même rencontré de très-jolies femmes qui se faisaient promener en fauteuil, et qui lisaient, tout le long de leur route, un méchant volume de quelque romancier moderne, sans daigner laisser tomber un regard sur les magni- ficences ou les horreurs de ces paysages, produits des siècles accumulés ; sur les déchirements de ce sol tourmenté par les volcans. LÉON BOITEL.