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36 M. A.-C.-H. TRIMOLET. désordonnée, et trouver dans ce chaos vide de foi et d'idées, la fortune et la réputation. Scrupuleux imitateur de la nature, M. Trimolet pouvait se laisser séduire par ces semblants d'art ; il s'est volontairement effacé devant ces œuvres où la vérité était sacrifiée à l'effet, se contentant de l'approbation de sa conscience et de celle des véri- tables connaisseurs. On ne se lasse point d'admirer sa touche aussi fine que savante, la vérité de tons, le calme d'expression et d'effet, cachet de ce beau talent d'imitation qui n'exclut point l'inspiration ni l'originalité. Coloriste sage, admirable de dessin, supérieur en un mot dans toutes les parties de l'art, cet éminent et trop modeste peintre s'est classé parmi les maîtres de notre époque. Elève de M. Revoil, M. Trimolet a, comme lui, et peut-être le lui doit-il, voué un véritable culte aux antiquités françaises. Il a rassemblé avec amour tout un musée de ces précieux débris du moyen-âge : meubles, armes, orfèvrerie, bijoux, verroterie, por- celaine, émaux. C'est toute une histoire des arts à diverses épo- ques. Mlle Dubuisson, dans une de nos livraisons antérieures (1), a donné de ce cabinet une appréciation détaillée. Nous y ren- voyons les curieux. M. Trimolet est un causeur aimable et de plus un conteur spi- rituel. Il a mis en vers pour ses amis quelques-unes de ses idées artistiques : La Pochade et le Rendu, la Forme et la Couleur, la Mode au pays des Beaux-Arts. Ce sont de petites satires sous la forme de l'apologue, mais de ces satires qui ne blessent personne et font aimer leur auteur. Après l'artiste, nous voulions faire connaître l'homme, et nous avons été servi par le plus heureux des hasards. Une indiscré- tion, un obligeant larcin a fait tomber dans nos mains quelques feuillets écrits pour l'amitié par M. Trimolet. Nous avons trouvé piquant de lui emprunter à lui-même sa propre biographie. M. Trimolet pourra peut-être s'en plaindre et nous^wm'r de toute son indifférence, mais nos lecteurs se réjouiront avec nous de cette bonne fortune. • LÉON BOITEL. ( I ) Revue du Lyonnuis, tome XXV, pag. 33o.