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SAINT-MAURICE-DE-VIENNE. 25 le moule ogival, type absolu de l'architectonique florissant au XIVe siècle. Et dans tout ce vaste appareil gothique de Saint- Maurice, chaque chose merveilleusement mise à sa place, nulle trace à peu près de ce gothique étudié jusqu'à la fatigue, où l'on est forcé d'expier l'art par une douleur, soit qu'on l'exécute, soit qu'on se borne à le regarder. Une nef majeure abritée par onze travées de voûte, deux nefs mineures, deux rangs de chapelles latérales échelonnées sous les contre-nefs, trois apsides constituent la basilique. Les croi- sillons ne sont pas même esquissés dans sa figure : aucune flexion apsidaire symbolique ou arbitraire ne trouble le parallé- logramme parfait du vaisseau. Entré par la grande porte tri— nitaire, qu'on nomme porte REGIA dans la langue basilicale, sous l'ère constantinienne, le monumentaliste, après avoir con- templé l'ordonnance générale du temple, est aussitôt forcé de replier son attention vers le revers de la façade, pour la con- centrer sur deux tombeaux de marbre blanc, placés à droite et à gauche de l'entrée principale. L'un, celui au sud, a servi de sépulture à Aymar, qui mourut le IX des calendes du mois de juin MCCXLV. 11 fut abbé du monastère viennois de Saint-Pierre, évêque de Maurienne, et enfin archevêque d'Embrun. Ce mo- nument est une œuvre toute byzantine de date et d'exécution ; c'est la forme primitive de l'auge embellie par la matière et par l'art. L'épitaphe, en belles-lettres onciales altérées de l'épo- que, est très-lisible. Au nord, se trouve le tombeau de l'abbé Saint Léonien, qui mourut sous le pontificat de Saint Avit. Même type, à peu près, que le premier. Sur le cénotaphe d'Aymar, j'ai remarqué le monogramme du Christ ainsi arrangé ; il est figuré par une croix grecque ; l'alpha et l'oméga sont posés dans les entre-croisillons inférieurs, le soleil et la lune dans les entre- croisillons supérieurs. J'ai observé à Sainte-Agnès-hors-les-murs et dans les catacombes de Rome la même variété du saint mo- nogramme. Les quatre premiers entre-colonnements, sous les quatre pre- mières travées de voûte, sont exclusivement gothiques ; c'est * par elles que le vaisseau s'est allongé et terminé. La première