Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
                LA TERRE PLUS VIEILLE QUE LE SOLEIL                  4O7

 résultat ne peut qu'élever l'âme et la rendre capable de plus grandes
 choses et de plus nobles aspirations. Il nous semble qu'il n'est pas
nécessaire, pour illustrer la science, de l'examiner à d'autres points
de vue. Elle ira ainsi, Dieu aidant, jusqu'où elle pourra.
    Je termine ce trop long exposé et je le résume par la pensée qui
l'a inspiré. Un livre, la Genèse, nous est parvenu, comme la plus
ancienne tradition religieuse, à la fois, et le plus ancien monument
de la science primitive. Il contient, dans une énumération claire et
précise, le récit de faits auxquels aucun homme n'avait pu assister.
Le fait seul qu'il est écrit par un homme le prouve scientifiquement,
puisque l'homme a été créé le dernier. (La science est complètement
 d'accord avec la tradition sur ce point.) L'homme qui l'a écrit n'a
pu s'appuyer sur aucune observation capable de le guider dans le
vaste sujet qu'il abordait. Tout, au contraire, autour de lui, les illu-
sions de ses sens, l'ignorance de son entourage et de ses prédéces-
 seurs, l'absence de tout moyen d'investigation, tendait à l'égarer.
Eh bien! ce livre a traversé les âges comme un roc inaltérable.
 Tantôt négligé comme incompréhensible, conspué comme puéril et
 faux ; tantôt soutenu maladroitement par des fanatiques ignorants,
ou attaqué violemment par des sectaires non moins aveugles, il
domine les hommes et les événements en conservant une éternelle
fraîcheur. Cependant, l'humanité se développe et suit sa route en
paraissant presque toujours négliger ce mystérieux jalonnement.
Elle crée la philosophie, puis la science. Elle amoncelle les obser-
vations, les expériences, les documents de tous genres, qui aiguisent
son activité intellectuelle, sans pouvoir la rassasier.
   La science produit de nouveaux instruments de travail, des
lunettes puissantes, pour observer les cieux, des théories qui
 enfantent des systèmes; elle s'élève jusqu'à l'analyse mathématique
qui pèse les astres et mesure les soleils. Et voici que, à l'extrémité de
la route pénible et sinueuse qu'il a parcourue si lentement, l'homme
aperçoit de plus en plus distinctement les immuables jalons placés
par l'auteur du premier des livres écrits. Il m'a semblé qu'il y avait
là à signaler un bien grand triomphe pour la science, qui avait
presque besoin, aux yeux de bien des gens, d'une sorte de réhabili-