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3 24 LA REVUE LYONNAISE professé l'athéisme. Je crois qu'il n'est jamais allé plus loin que cette pauvre maxime de Montaigne : « L'ignorance et l'incuriosité sont deux oreillers bien doux pour reposer une tête bien faite. » Newton, tout au contraire, a couronné son œuvre scientifique, dont l'exposé magistral est développé dans son ouvrage : Les Principes, par un scolie général, qui est une des plus belles pages qu'ait produit l'esprit humain. « Il suit de ceci, » y est-il dit, « que le vrai Dieu est un Dieu vivant, intelligent et puissant; qu'il est au-dessus de tout et entièrement parfait. Il est éternel et infini, tout-puissant et omni- scient; c'est-à -dire qu'il dure depuis l'éternité passée et dans l'éternité à venir, et qu'il est présent partout, dans l'espace infini où il régit tout; et il connaît tout ce qui est et tout ce qui peut être, e t c . . » Dans un ouvrage qui a paru dernièrement, la Physique moderne, un savant auteur bien connu des lettrés, M. Ernest Naville, soutient une thèse qui a dû certainement frapper et intéresser vivement ses lecteurs, et qui se rapporte au sujet que j'ai choisi. M. E. Naville reprend et développe cette pensée que M. Du Bois Reymond expri- mait, il y a quelques années, aux naturalistes allemands réunis à Cologne : « Bien que cela sonne comme un paradoxe, la science moderne doit son origine au christianisme. » Après avoir opposé au polythéisme du monde ancien le théisme pur et complet que le chris- tianisme a répandu dans le monde, le professeur de Berlin ajoutait : « Cette idée de Dieu, transmise pendant des siècles, de génération en génération, a fini par réagir sur la science même, et, en accoutu- mant l'esprit humain à la conception d'une raison unique des choses, a enflammé en lui le désir de connaître cette raison. » Je n'ai pas l'intention de suivre ici les développements donnés par l'illustre écri- vain protestant à l'appui de cette thèse qu'il soutient brillamment. J'en extrais seulement, à l'appui de celle que j'esquisse devant vous, l'énumération des savants cités par M. Naville : C'est d'abord Copernic, se disant au milieu de ses travaux : « La sagesse de Dieu est si grande que les complications extraordinaires de notre système astronomique en démontrent la fausseté; » et par- tant de là , pour trouver le premier cette simplification du système des anciens : la mobilité de la terre.—Puis, Kepler s'écriant : « J e te