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QUELQUES LYONNAIS 307 HENRI DE CHAPONAY La mort du comte Henri de Chaponay (avril 1878) ne fut pas un de ces dénouements ordinaires qui passent inaperçus dans une grande ville. Le nom de sa famille illustre et des plus anciennes de notre région, se retrouve à chaque page des chroniques lyonnaises, et le sien ne peut être omis dans l'histoire artistique de la.cité. Aux regrets de ses amis perdans d'aimables et cordiales relations, aux regrets de tant de malheureux, qu'il secourait sans ostentation et selon le pré- cepte de l'Évangile, interdisant à la main gauche de voir les charités de la main droite, se sont joints les regrets des artistes encouragés, soutenus par sa longue expérience et son érudition, et auxquels, pen- dant tant d'années, son salon servit de centre de réunions. Lié avec lui d'une amitié sincère, basée sur l'estime de ses excellentes qualités, qu'il me soit permis de soulever le voile qui les dérobait aux yeux d'un monde frivole, voyant en lui un gai conteur, un épicurien de bonne compagnie et nullement le penseur, le savant et l'homme d'une bonté inépuisable. C'est surtout au point de vue de la musique que M. de Chaponay a sa place d'élite assurée parmi les contemporains. D'un talent remar- quable sur le violon, il connaissait à fond tous les secrets de la lutherie et les phases à travers lesquelles a passé cet instrument, depuis Corelli et Gaviniés, jusqu'aux virtuoses les plus renommés du xix c siècle. Bien plus, jugeant, avec son goût épuré, que la plus haute manifestation de l'art musical est le quatuor d'instruments à cordes avec ses dérivés ; et, en cela, son idée était analogue à celle des grands compositeurs, ayant tous confié leurs plus sublimes ins- pirations à cette agrégation complète, malgré son apparence res- treinte ; il avait attiré chez lui, chaque semaine, des artistes de premier ordre, pour étudier etinterprétercesmerveilleuses compositions.Outre les maîtres classiques, fond obligé de toutes séances de ce genre, on vit apparaître et se révéler dans les siennes, et pour la première fois, croyons-nous, en France, les maîtres de l'école moderne allemande, Schumann, Raff, Bramhs, Gade, dont la musique, hérissée d'obs-