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QUELQUES LYONNAIS 305 LE MARQ.UIS DE LORAS Chaque année voit disparaître quelques débris de la noblesse fran- çaise. Heureux ceux qui finissent avec honneur, sans qu'on puisse leur reprocher d'avoir terni un passé glorieux par des défaillances ou des niaiseries ! La Révolution a détruit la hiérarchie sociale, dont la noblesse était le point culminant, et qui porta si haut le renom de la France; sachons, du moins, rendre hommage à ce qu'elle fut autre- fois, et conserverie souvenir des héros sortis de son sein. Le 6 octobre 1847, la mort frappa le chef d'une de ces illustres familles, appartenant à nos contrées et même à notre ville, sinon par son origine, du moins par un long séjour et des habitudes acquises : François-Marie, marquis de Loras, mort au château de Murinais en Dauphiné. Sa maison, d'après Y Armoriai de M. de Rivoire de La Bâtie (Lyon, Brun, 1867), était une des plus anciennes maisons chevaleresques de la province, et remonte à Anthelme de Loras, qui se croisa en 1109 ou 1190. M. de Marchangy donne sur elle des détails très intéressants dans Tristan h voyageur, un des rares ou- vrages qui aient donné sur l'époque féodale des notions exactes et impartiales. M. de Loras se destinait à la carrière militaire et fut officier de dragons. La Révolution vint détruire ses espérances, et, après avoir vu son père tomber à Lyon sous la hache des bourreaux de 93, il se réfugia en Allemagne, puis à Malte, où il fut reçu che- valier, et dont son oncle était commandeur. Il servit quelque temps dans cet ordre fameux, et en lui s'éteignit, à Lyon, son dernier représentant. Lorsque de funestes événements vinrent en disperser les derniers membres, et que le siège de l'Ordre passa à une nation ennemie, M. de Loras revint dans sa patrie, et trouva dans une édu- cation cultivée des ressources pour suppléer aux occupations d'une société effondrée. Passionné pour la peinture, au lieu d'employer sa fortune à des exhibitions vaniteuses ou à des plaisirs superficiels, il s'y livra avec ardeur, et alla travailler en artiste dans l'atelier de Regnault. Sans atteindre à un talent hors ligne, il produisit néan- N° 52. - Avril 1885. 20