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FRANÇOIS COPPÉE HT SES ŒUVRES 257 plus dans ce drame intime où se débat une question de famille. L'auteur se désintéresse instinctivement de la question politique et le lecteur l'oublie. Spinola meurt ce soir et Pise sera-t-elle libre demain? Nous ne songeons guère à le demander, et l'auteur a omis de nous le dire. Est-ce un tort? Peut-être. Cela prouve au moins combien il a été entraîné malgré lui à substituer une tragédie morale au drame historique. Une nouvelle œuvre, les Jacobites, va sans doute nous révéler un nouveau progrès de l'auteur. En somme, le théâtre lui a porté bon- heur. C'est en abordant la scène qu'il a passé de la poésie d'impres- sions à une poésie créatrice; qu'il s'est dégagé de plus en plus de l'influence de l'école réaliste, qu'il a parlé une langue plus noble, et cependant bien plus précise et plus virile. Trouverons-nous en lui le poète digne de rajeunir notre théâtre, en conciliant le respect de ses grandes traditions avec la liberté que réclame le goût moderne ? C'est le secret de l'avenir. En tout cas l'œuvre actuelle est pleine de pro- messes, et l'Académie trouve, dans l'attente si sympathique du public qui aime l'auteur, la meilleure consécration de ses suffrages. Henri Heine, dans une de ses nombreuses boutades, s'amuse à comparer au dôme des Invalides la coupole du palais Mazarin. Notre histoire littéraire s'est maintes fois chargée de démentir cette méchante com- paraison, et, sur la liste de ces démentis, nul ne doute que la muse de Coppée n'inscrive encore le titre de plus d'une œuvre réclamée. G.-A. HEINUICH. N ° 52. - Avril 1885. 17