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                         LA   REV
244                                 ^ E LYONNAISE

petit drame qui se déroulent dans un atelier. Deux élèves luttent
pour obtenir la fille de leur maître. L'arme des deux combattants est
le chef-d'œuvre qu'ils doivent exécuter, et qui doit être jugé dans un
concours solemnel. L'heureux vainqueur, celui qui aura fait le violon
le plus parfait, sera le gendre du luthier, et soutiendra la vieille
renommée de sa maison. Mais ce vainqueur, un pauvre artiste con-
trefait, est vaincu d'avance dans l'esprit de la jeune "fille; il le com-
prend, se sacrifie à son rival, et emporte comme consolation le mer-
veilleux instrument qui lui promet peut-être la gloire, mais servira
surtout à charmer les longues heures de solitude et de souffrance
 qui l'attendent. Tout cela est vivement conduit, bien analysé. Ce
 mélange de pitié et d'estime qu'éprouvent les heureux amants pour
 ce martyr qui se sacrifie; cet égoïsme, si naturel à la passion,
 qui leur fait cependant accepter ce sacrifice, et envelopper seulement
 d'une affectueuse compassion cette joie de voir leurs vœux réalisés,
 tout cela est rendu dans une langue sobre et précise, avec une émo-
 tion qui n'a point de raffinements, avec une sensibilité qui n'empiète
 jamais sur la langue du drame, et laisse à la comédie son enjoue-
 ment. Il y a une action bien conçue, un dénouement bien amené.
 On sent que l'esprit de l'auteur est mûr pour de plus grands efforts.


                                         V

   Les circonstances ont voulu que Coppée fit aussi son manifeste.
 Ce n'est point la préface de Cromwell; c'est plus court, plus clair
surtout, et infiniment plus poétique, vu que c'est une belle pièce de
vers, ingénieusement terminée par un mot à grand effet; mais c'est
au moins aussi contestable que l'œuvre de Victor Hugo.
   Quand on reprit Hernani, aux Français, en 1880, on célébra solen-
nellement, le 25 février, le cinquantième anniversaire, le jubilé,
 comme on dirait en Allemagne, de la première représentation. Coppée
fut chargé par la Comédie française défaire un prologue poétique, où
il s'est royalement acquitté de sa tâche de panégyriste, et n'a point
ménagé les hyperboles. Je n'oserais affirmer que Victor Hugo a été
satisfait. L'hommage qu'on peut rendre à son mérite s'égale difficile-