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                 REVUE C R I T I Q U E
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                          LIVRES NOUVEAUX

ESSAI SUR LA MISSION ACTUELLE DE LA FEMME, par UN DIPLOMATE.
  — Paris. Librairie Pion.

  Qu'on n'aille pas se méprendre au titre de cet ouvrage. Il n'a rien à démêler
avec les élucubrations de Mesdemoiselles Louise Michel et Hubertine Auclerc. Il
ne revendique pour le sexe faible ni le droit de suffrage, ni celui de masculiniser le
costume, ni l'admission aux emplois publics.
    Œuvre d'un esprit judicieux et sensé, qui se cache sous le voile de l'anonyme,
 cet « essai » est un recueil de tableaux, de réflexions, de maximes, de considéra-
 tions sur les devoirs et la condition de la femme.
    Dès les premières pages de la préface, l'auteur proteste contre l'assimilation des
 deux sexes que rêvent quelques-uns : « Ce qui donne aux femmes, » dit-il, « une
 grande influence, et parfois même un vrai ascendant sur les hommes, c'est préci-
sément ce qui constitue l'essence de leur nature et de leur caractère : la sensibilité,
la délicatesse, là grâce, la clairvoyance du cœur. — Sa force est dans sa faiblesse
relative. — Une femme ne doit donc rien sacrifier de ce qui tient à sa nature, au
désir d'agir sur les hommes ; si elle fait des concessions, elle partagera le sort de
tous ceux qui en font mal à propos. On peut dire que, sous certains rapports, elle
a déjà fait trop de concessions. » J'ai reproduit ces lignes, parce que, mieux que
je ne pourrais le faire, elles dépeignent le véritable esprit de ce livre.
   La femme doit demeurer dans le rôle que lui a tracé la nature : en sortir, pour
elle, serait déchoir. Fille, épouse, mère, bonne et gracieuse pour tous, secourable
aux malheureux, qu'elle reste la grande consolatrice, l'astre au rayon discret qui
illumine doucement les routes de la vie.
   L'existence moderne ne met point assez haut, suivant l'auteur de cet essai, ce
noble rôle de la femme. Il demande, en des pages remplies de nobles sentiments,
que leur ascendant, toujours aimable et fécond, augmente sans cesse, et fasse sentir
aux fils, aux époux, aux frères sa bienfaisante influence. Sans en revenir aux
enthousiasmes hyperboliques de la chevalerie, on ne peut qu'applaudir à ces saines
et généreuses idées.
    Comme appendice à cet intéressant petit volume, l'auteur donne un choix
 curieux de pensées sur les femmes, empruntées aux écrivains français et étrangers.
 Il en est de piquantes et d'originales qu'on y lira avec plaisir.