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                  FRANÇOIS COPPÉE ET SES ŒUVRES                     169

faisait la force; non que la race de ces loyaux serviteurs soit éteinte,
mais parce qu'on n'a pas trouvé, quinze ans après nos désastres, le
temps de leur assurer un modeste avenir. C'est ce vieux sergent que
la main de Coppée a, pendant le siège de Paris, dessiné d'un crayon
tant soit peu réaliste; mais le portrait est émouvant.

                Du couvent troublant le silence
                Arrive, avec son bruit pressé,
                Une voiture d'ambulance.
                On amène un soldat blessé.


                Sur sa capote le sang brille ;
                Il boîte, ércinté par l'obus.
                Son fusil lui sert de béquille
                 Pour descendre de l'omnibus.


                 C'est un vieux aux moustaches rudes,
                 Galonné d'un triple chevron,
                 Qui hait les cagots et les prudes
                 Et débute par un juron.


                 Il a des propos malhonnêtes
                 Et des regards presqu'insultants,
                 Qui font rougir sous leurs cornettes
                 Les novices de dix-huit ans.


                 Croyant qu'il dort et qu'elle est seule,
                 Si la sœur prie auprès de lui,
                 Vite il charge son brùle-gueule,
                 Et siffle un air avec ennui.


                 Que lui font la veille assidue,
                 L'intérêt qu'on peut lui porter?
                 Il sait que sa jambe est perdue.
                 Et que l'on va le charcuter.


                 Il est furieux. — Laissez faire ;
                 On est très patient ici ;
                 Puis il y règne une atmosphère
                 Qui console et qui dompte aussi.