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I36                       LA REVUE LYONNAISE

contraste est grand, en effet, trop grand peut-être, entre cette ravis-
sante tête de jeune fille, distinguée et douce, et les haillons qui la
recouvrent. M. Edouard d'ApviuL est aussi le peintre des humbles,
mais à la différence de l'artiste dont je viens de parler, il a le soin de
n'en jamais faire des personnages d'opéra-comique; ses Gantières au
village et ses Petites èpiucheuses (20-21) sont bien vraies de dessin et
de note.
   Le Printemps, de M. Henri BIDAULD (80), est personnifié par une
jeune paysanne rentrant au village en compagnie de sa chèvre à
laquelle elle tend à manger un brin d'herbe ; c'est très gracieux et
très poétique.
    A traversées visiteurs rangés dans son antichambre, Monsieur le
Ministre se, rend au Conseil (322); le chapeau à claque crânement
 posé sur la tête, balançant à petits pas la rotondité majestueuse de
 son ventre, faisant sonner sur les dalles de marbre sa canne à pom-
 meau d'ivoire. Son secrétaire, qui le suit, ploie sous le faix du porte-
 feuille de maroquin jaune bourré des secrets de l'État. L'attitude
 dégagée et presque irrévérencieuse d'un huissier fait avec la morgue
 suffisante du gros personnage politique un contraste amusant ; cet
 huissier est un philosophe qui en a vu passer bien d'autres et sait ce
 que vaut l'aune des grandeurs humaines. Tout ceci est très fin, très
 spirituel et fait honneur à l'esprit d'observation de M. Pietro-Manuel
 JIMENEZ autant qu'à la délicatesse de son pinceau.
    M. David OYENS (454) nous transporte dans un milieu moins
 aristocratique, mais non moins pittoresque, en pleine chambrée de
 vieux rapins fêtant le succès de l'un des leurs. Tous ces gens-là sont
 laids à faire plaisir; hormis le Lauréat peut-être qui, agenouillé
 devant la femme qui le couronne d'une feuille de chou, joint la
 modestie au mérite et se présente de dos aux spectateurs. Mais
 comme tous, hommes et femmes, sont gais et vivants ! d u e l mou-
 vement et quelle verve dans ce groupe débraillé! Quels bons rires
 et quels francs éclats de joie!
    Bien amusant aussi le Miroir magique de M. JACOMIN (332). Je
 ne sais trop quel présage y lit la belle visiteuse, ni si les cartes grais-
 seuses étalées sur la table ont satisfait sa curiosité amoureuse, mais,