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LE C O N G R È S DES S O C I É T É S S A V A N T E S 633 l'ancien régime, et presque toujours faciles à consulter. Evidem- ment, toutes les archives seigneuriales ne présentent pas une aussi abondante variété que celles de M. le duc de la Trémoïlle : cela ne veut pas dire qu'il faille les négliger ! Bien au contraire ; et cependant, depuis la publication si remarquée de M. Alfred Richard, aujourd'hui archiviste départemental de la Vienne1, l'herbe a eu le temps de repousser sur la route qu'il avait frayée, et que personne après lui n'a osé suivre. Revenons à M. Haag, qui indique d'autres tâches plus faciles encore pour des travailleurs de province, à qui la bonne volonté souvent ne manque pas. Pourquoi ne pas se préoccuper d'abord et surtout des sujets qui sont à leur portée journellement? Pourquoi ne pas étudier le peuple dans les manifestations intimes de sa vie propre? Pourquoi ne pas relater soigneu- sement et recueillir au passage les contes , les légendes , les chansons, les costumes, les dictons propres à telle ou telle localité2, toutes choses que des siècles ont fait éclore, et que quel- ques années peuvent faire oublier à jamais ? Il n'est pas inutile non plus d'insister sur la statistique, la répartition de la propriété, le commerce, voire même la géographie historique, bien que sa trop grande connexité avec la philologie la fasse craindre plus que de raison. Voilà des questions que tout le monde peut aborder, que tout le monde peut résoudre ! Mais la simplicité « essentielle au su- blime », selon Diderot, effraie aussi : les choses complexes parais- sent s'adapter mieux à l'esprit du chercheur. Et l'on ne veut dépendre de personne : c'est là encore un grand défaut, qu'il est pénible, sinon impossible, d'avouer. Chascun cuide aller ain- çois qu'il a des ailes: voilà le fait. Mais tel pense voler qui ne sauroit bouger: voilà la moralité. A toutes ces sages considérations, M. Kurth ajoute les siennes, 1 Inventaire analytique des Archives du château de la Barre, 2 vol. in-8° (Paris et Niort, 1868). C'est uneexcellente publication qu'on ne saurait trop apprécier et consulter. 2 C'est à peu près dans ces mêmes termes que s'exprimait M. Eûg. Rolland, l'auteur bien connu de la Faune populaire, dans une lettre qu'il me faisait l'ion- neur de m'adresser il y a un an environ.