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584                       LA R E V U E LYONNAISE

non plus que ces petites scènes d'une composition ingénieuse et
variée, d'un dessin correct, d'un coloris sobre et élégant, que ces
têtes minuscules pleines de finesse et d'expression, aient été
peintes par quelque ouvrier d'une fabrique de manuscrits.
   Toutes les peintures du livre n'ont pas la même valeur, nous
croyons reconnaître le faire de quatre artistes qui y travaillèrent,
et ces artistes n'avaient pas un talent égal; seize ou dix-sept sujets
sont bien inférieurs aux autres qui sont, nous le répétons, char-
mants, les grisailles surtout.
    Notre manuscrit porte, sur la marge inférieure du premier feuil-
let, un écu èchiquetè d'or et de gueules, tenu par deux anges
 et entouré du collier de la Toison d'or, qui est celui de Philippe de
 Ternant, l'un des premiers chevaliers de cet ordre. Ce blason nous
 donne approximativement la date du manuscrit, qui ne peut-être
 antérieur à 1430, année de la création de la Toison d'or, ni pos-
 térieur à 1458, année de la mort de Philippe de Ternant, seul men-
 bre de sa famille, qui ait été décoré de l'ordre de Bourgogne, et nous
 serions tenté d'assigner à l'œuvre une date rapprochée de la mort du
 sire deTernant.En effet les costumes sontbienceux de 1450àl460:
 les chevaliers et les hommes d'armes sont couverts de l'armure
 entière eu fer plat, et coiffés de l'armet ou de la salade; les autres
 personnages sont vêtus en général de la courte tunique avec cein-
 ture à la taille, et leur coiffure est le chaperon ou le chapeau à
 haute forme et à petits bords en usage à la fin du règne de Charles VII.
    Les femmes portent la taille haute, ouverte sur le devant, avec
 collet à revers, la jupe peu ample et les manches plates, l'immense
 bourrelet nommé aton, ou le hennin adopté par Isabeau de
 Bavière.
    L'architecture des monuments figurés, dont quelques-uns sont
 colorés en rose, est celle du milieu du quinzième siècle.
    Avant de décrire le manuscrit, il convient de faire Connaître
  celui pour qui il fut composé.
    La famille de Ternant prenait son nom d'un fief important, situé
  en Nivernais sur la frontière de l'Autunois ', que possédait Hu-
  gues de Ternant en 1240, et dont Guillaume de Ternant, chevalier,

      Ternaut est actuellement une commune du canton de Fours (Nièvre).