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                      TROIS MOIS A VENISE                          467
manquent d'eau. J'étais là, montrant les pâli, dirigeant le guide,
les deux gondoliers, assez préoccupés, furieux comme on doitl'ètre
en pareil cas. Tant bien que mal, nous revînmes tout de même
à Murano où l'on nous prit d'abord pour des contrebandiers; mais
l'erreur fut vite reconnue. A dix beures enfin, nous renlrions
à Venise ; nous prenions pied sur les fondamenle        nuove.
   Venise avait mon cœur ; j'étais devenu Vénitien. On ne quitte
pas cette ville quia tant de charmes pour l'archéologue, pour l ' a r -
tiste, on s'en arrache. Venise! quel souvenir pour moi! A ce nom
magique, je suis attendri en pensant à tant de beaux souvenirs '11
fallait repartir. Il était minuit. Je repassai en gondole sous mes
vieux ponts, sur lesquels j'étais monté et descendu tant de fois.
Quand tous dormaient, je quittais ma chère Venise. Adieu, villedes
doges, où j'ai passé trois mois des plus agréables de ma vie. Adieu!
Je ne t'oublierai jamais. Souvent je pense à toi, à ton ciel bleu, à
tes palais. Quand, dans mes pittoresques et sévères montagnes de
l'Auvergne, je me sens seul, je porte mon regard à l'orient, du
côté de Venise, et je me dis : « Venise est là-bas!... »



                                   AMBROISE TARDIEU.